Il y a sur cette terre
Il y a sur cette
terre ce qui mérite d’être vécu : les hésitations d’avril, l’odeur du pain
à l’aube, les opinions d’une femme sur les hommes, les écrits d’Éschyle, les
débuts d’un amour, de l’herbe sur des pierres, des mères se tenant debout sur
la ligne d’une flûte et la peur qu’éprouvent les conquérants du souvenir.
Il y a sur cette
terre ce qui mérite d’être vécu, la fin de septembre, une dame qui franchit la
quarantaine avec tous ses fruits,
l’heure de la promenade au soleil en prison, un nuage mimant une nuée de
créatures, les ovations d’un peuple pour ceux qui montent à la mort souriants
et la peur qu’ont les tyrans des chansons.
Il y a sur cette
terre ce qui mérite d’être vécu : il y a sur cette terre, la maîtresse de
la terre, le commencement des commencements, la fin des fins, On l’appelait
Palestine et on l’appelle désormais Palestine. Madame je mérite, parce que vous
êtes ma dame, je mérite de vivre.
Traduction Jalel El Gharbi
4 commentaires:
Ce poème est maintenant doublement excellent. Pour moi, lire Darwich en arabe, puis le lire en français sous la plume magistrale de notre ami Jalel me ravit absolument.
J'aime énormément la poésie de Mahmoud Darwich, mais sa beauté s'ouvre davantage sur ce qui est, que sur ce qui devrait être. Il me semble y avoir chez lui une certaine résignation qui le pousse, surtout les dernières années de sa vie, à une désespérance (on le serait à moins) quant à un possible mieux. Aussi préféré-je le précédent poème mis en ligne, plus actuel (malgré son ancienneté - en fait, intemporel) et combatif du poète syrien Nizar Qabani, inspiré - qu'en penses-tu, cher Jalel ? - de l'allégorie de la caverne.
Cher Giulio,
Je pense que c'est plutôt une référence aux sept dormants (parangons du dépaysement, de l'anachronisme). Cette tradition est très vive dans la culture arabe (le Coran y consacre la sourate XVIII).
Nous sommes allés ensemble en chercher les traces à Hollerich.
Amitiés
Cher Jawhar
Merci infiniment
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