lundi 23 août 2010

Un poète du Yémen عبد العزيز المقالح


فرمير : الرسالة الغراميةVermeer : la lettre d'amour



بطاقة إليها
أنـا من بلاد القات مأساتي تضج بها الحقب
أنا مـــن هناك قصيدة تبكي وحرف مغترب
غادرت سجن الأمس ملتحفا براكين الغضب
أثـــر القيود على يدي ساقي تنوء من التعب
لا عطـــر لا بترول أحمله وليس معي ذهب
ما زلت أغسل في مياه البحر أشرب في القرب
قدماي حافيتان عاري الرأس موصول السغب
وسفينة الصحراء طائرتي وقصري من خشب
إن دندن الموال في الأغوار يقتلني الطرب
ويشدني نآي الحقول أذوب إن ناح القصب
لكنني في الحب موصول العراقة والنسب
"مجنون ليلى" في دمي و "جميل" مجنون اللهب
أنا والهوى جئنا شببت بظله حُلما وشب
هل تقبليني بعد؟ هل ترضين بي شمس العرب؟
أنا فيك مجنون تحير سير عمري واضطرب
لما تلاقى المعجبون أمام موكبك العجب
قالوا ومات اللفظ مشنوقا على شفتى اللهب
هزتك ثرثرة الشفاه وخاب صمتي وانتحب
وذهبت تقتاتين ، تغتسلين في موج الصخب
والصمت لو تدرين ..أبلغ من ملايين الخطب
القاهرة ديسمبر1963

عبد العزيز المقالح بقلمه

إذا صح أنني شاعر فقد أصبحت كذلك بفضل الحزن ، هذا النهر الشاحب الأصفر الذي رأيته واغتسلت في مياهه الراكدة منذ طفولتي رأيته في عيني أمي وفي عيون أخوتي ثم قرأته على وجوه زملائي في المدرسة والشارع والسجن وأقرؤه كل يوم وليلة في عيون ووجوه أطفالي العصافير الأربعة الذين شهدوا من قبح العالم أكثر مما تحمل أعمارهم الصغيرة .وفي وجه هذا الحزن وفي طريقه الكابي اللون حاولت أن أتمرد ، أن أثور ، ولكن بلا جدوى كانت المحاولة الأولى عندما قررت أن أدفنه - أي الحزن - في الحب فكتبت إلى الفتاة التي أحببتها بكل قلبي ومشاعري وأروع ما كتبت من الشعر . وبعد أيام عادت قصائد الحب دون أن تمس لماذا ؟ لأن العينين الجميلتين لفتاتي كانتا غير قادرتين على قراءة قلبي لأنها ككل الفتيات في اليمن لا تقرأ .ومرة ثانية حاولت أن أنسى الحب بالثورة فكتبت بعض القصائد الثائرة فهالني وفجعني أن أرى الأصدقاء يهربون من حولي حتى أقرب الناس إلى نفسي وجدتهم يشهرون خناجرهم الحادة في وجهي ورأيتهم يعدون قبرا لدفني في الغربة ، لماذا لأن الثورة التي أناديها من بعيد سوف تمر - حين تمر - فوق رؤوسهم لذلك فقد حاولوا أن يتغدوا بي قبل أن تتعشى بهم الثورة .أخيرا حاولت أن أهجر الكلام ، رحلت إلى الصمت . فماذا حدث ؟تقرح جسدي أكلت ثعابين الصمت لساني وكادت العين تكف عن الإبصار فرجعت إلى الكلام .. إلى الشعر ولكنه هذه المرة ليس عن الحب ولا عن الثورة إنه عن الحزن ، عن الحزن نفسه الذي كان ملهمي ومعلمي رغم أنفي


من مقدمة دبوان سيف بن ذي يزن


Abdel Aziz al-Maqalih
Un billet pour elle
Je suis du pays du qat et l’éternité ne peut contenir mon drame
Je suis de ce pays, poème en larmes et lettre exilée
J’ai quitté la prison de la veille, drapé dans des volcans de colère
Les stigmates des chaînes sur mes mains croulent de fatigue
Je n’ai ni parfum ni pétrole et je n’ai pas d’or
Je me lave encore à l’eau de mer et bois dans des outres
J’ai les pieds nus, j’ai la tête découverte et je suis toujours épuisé de faim
La barque du désert me tient lieu d’avion et mon palais est en bois
Lorsque retentit le mawal dans la vallée l’extase me prend
Et lorsque le nay des champs m’interpelle je fonds à sa complainte
Mais en amour, je prolonge une longue extraction, une grande fratrie
Sont dans mes veines Le Medjnoun et Jamil le fou des flammes
L’amour et moi sommes venus. J’ai grandi en rêvant à son ombre et il a poussé
M’accepterais-tu encore ? M’accepterais-tu Soleil d’Arabie
Je suis fou de toi. Le cours de ma vie en est égaré et troublé
Lorsque les prétendants se sont rencontrés devant la merveille de ton cortège
Ils ont parlé mais les mots sont morts pendus aux lèvres des flammes
Tu t’es laissé emporter par la verve des lèvres et mon silence déçu se lamenta
Tu es partie te nourrir et te baigner dans le flot du vacarme
Or, si tu savais, le silence est plus éloquent que mille discours
Le Caire, 1963.
Al-Maqalih (né en 1937) par lui-même :

S’il est vrai que je suis poète, je le suis devenu grâce à la tristesse, ce pâle fleuve jaune que j’ai vu et dans les eaux stagnantes duquel je me suis baigné depuis mon enfance. Je l’ai vu dans les yeux de ma mère et dans ceux de mes frères, puis je l’ai lu sur les visages de mes camarades de classe, dans la rue, en prison et je le lis chaque jour, chaque nuit dans les yeux et dans les visages de mes quatre enfants, oisillons qui ont été témoins des laideurs du monde plus que ne devrait supporter leur jeune âge. J’ai essayé de me rebeller, de me révolter face à cette tristesse et à ses voies aux couleurs pulvérulentes, mais en vain. La première tentative fut lorsque, décidant d’enterrer ma tristesse dans l’amour, j’ai écrit à la fille que j’aimais de tout de mon cœur, de tout mon être les poèmes les plus admirables que j’aie jamais écrits. Quelques jours après, ils m’ont été retournés sans même avoir été touchés. Vous me demandez pourquoi ? Parce que les beaux yeux de mon amour ne pouvaient pas lire mon cœur : comme toutes les filles du Yémen, elle ne savait pas lire.
Une autre fois j’ai essayé d’oublier l’amour grâce à la révolution. J’ai alors écrit quelques poèmes révoltés. J’ai été horrifié et rebuté de voir que les amis me fuyaient. J’ai vu même les gens les plus proches de mon cœur brandir leurs poignards tranchants à mon visage et préparer pour moi une tombe dans l’exil. Pourquoi ? Parce que le jour venu, la révolution leur aurait passé sur le corps. Ils ont donc essayé d’en finir avec moi avant que la révolution ne fasse d’eux qu’une bouchée.
J’ai enfin essayé de renoncer à la parole, de partir vers le silence. Qu’est-il advenu alors ? Mon corps s’est ulcéré, les serpents du silence ont avalé ma langue et j’ai failli perdre la vue. Je suis alors revenu à la parole, à la poésie mais cette fois-ci non pas pour l’amour ni pour la révolution mais pour la tristesse, cette tristesse qui m’aura inspiré et qui aura été, malgré moi, mon maître.





9 commentaires:

Anonyme a dit…

أكاد أحب المقدمة أكثر من الشعر! رائع، لقد ربح جائزة مؤخراً تقدمها مؤسسة العويس في دبي، ويقال انه رفض السفر لأنه قطع وعد علة نفسه بأن لا يترك اليمن مرة أخرى.
تحياتي جلال

christiane a dit…

Cher Jalel,
voilà quatre retours-amont vers votre blog. J'ai lu, j'ai médité, contemplé les images et les mots et
je
n'ai rien,
aucun mot
à vous offrir.
Je suis comme cet été devant des paysages aimés, silencieuse, songeuse.
Faut-il toujours avoir quelque chose à dire ou à écrire ?
Passer, s'arrêter, lire comme on respire une rose et s'en aller en emportant ce parfum. Voilà mon lot, ce soir.
Amitiés

Jalel El Gharbi a dit…

القصيد أيضا رائع و رغم مــحليته فهو لا يستعصــي على الترجمة
شكرا للمرور
@ Christiane : Merci d'avoir associé ce blog à Voreppe ou à quelque paysage de Normandie (j'aime à penser que c'est du côté de Dieppe ou du côté d'un de ces villages ayant inspiré Proust)
Merci

giulio a dit…

@ Christiane, à partir d'un certain degré de complicité spirituelle et de compréhension mutuelle est-il toujours nécessaire de disserter? L'amitié, quant à elle, n'exige aucun discours.

Le seul mot qui m'est venu à l'esprit en lisant ce texte, est "émouvant"

christiane a dit…

Oui, Jalel et Giulio, une longue glissade de silence...

christiane a dit…

Mais j'ai trouvé un ami, dans un livre retrouvé, qui écrit mes mots invisibles :
"Je
commençais d'écrire et me suis arrêté à ce "Je", tout seul en bout de ligne. Il m'a paru extraordinaire, digne de n'être accompagné par rien."
Mon ami inconnu c'est : Roger Munier et son livre de fragments c'est : "Les eaux profondes".

Jalel El Gharbi a dit…

Je prends note du titre.
Je

Blue a dit…

Je

suis émue,et dans le silence de mon après-midi, je savoure ces paysages offerts et l'amitié partagée.

Jalel El Gharbi a dit…

Bonjour chère Hélène et merci d'être passée.
Amicalement