vendredi 11 janvier 2013

En relisant Nana

Monet : Nana
- Moi, disait Foucarmont, j'ai bu de tous les vins imaginables dans les cinq parties du monde... Oh! des liquides extraordinaires, des alcools à vous tuer un homme raide.... Eh bien! ça ne m'a jamais rien fait. Je ne peux pas me griser. J'ai essayé, je ne peux pas...
Tenez, reprit Foucarmont, à La Havane, ils font une eau-de-vie avec une baie sauvage; on croirait avaler du feu... Eh bien, j'en ai bu un soir plus d'un litre. Ça ne m'a rien fait... Plus fort que ça, un autre jour, sur les côtes de Coromandel, des sauvages nous ont donné je ne sais quel mélange de poivre et de vitriol ; ça ne m'a rien fait... Je ne peux pas me griser.

1 commentaire:

christiane a dit…

Et la suite...
" Cependant, Foucarmont s'attaquait aux liqueurs. Il continuait de ricaner en regardant Labordette, qui buvait son café, au milieu de ces dames. Et il lâchait des bouts de phrase: le fils d'un marchand de chevaux, d'autres disaient le bâtard d'une comtesse; aucun revenu, et toujours vingt-cinq louis dans la poche; le domestique des filles, un gaillard qui ne couchait jamais.
(...)
Il vida un petit verre de chartreuse. La chartreuse ne le dérangeait aucunement; pas ça, disait-il; et il faisait claquer l'ongle de son pouce au bord de ses dents. Mais, tout d'un coup, au moment où il s'avançait sur Labordette, il devint blême et s'abattit devant le buffet, comme une masse. Il était ivre mort. Louise Violaine se désola. Elle le disait bien que ça finirait mal; maintenant, elle en avait pour le reste de sa nuit à le soigner. Gaga la rassurait, examinant l'officier d'un œil de femme expérimentée, déclarant que ce ne serait rien, que ce monsieur allait dormir comme ça douze à quinze heures, sans accident. On emporta Foucarmont.