Quand on est ministre, on doit lire - comme sous le règne de Bourguiba - ou alors se taire -comme sous le règne de Ben Ali. Ne pas lire et ne pas se taire peut être désastreux. Jugez-en :
Ulcéré à la perspective de devoir quitter le gouvernement, Mr Slim Ben Hmiden se débat comme un forcené et écume les plateaux de TV pour nous convaincre de je ne sais plus quoi. Sa dernière trouvaille : nous épater par sa culture. Loupé !
Pour saupoudrer son discours d'érudition, Mr Ben Hmidane cite Victor Hugo : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous pensez, mais je suis prêt à mourir pour que vous ayez le droit de vous exprimer". Mr Ben Hmiden est à mille lieues de penser que c'est du Voltaire. Et il tomberait des nues s'il apprenait que ce n'est même pas du Voltaire. Il n'en reviendrait pas s'il apprenait que c'est une femme qui a attribué cette citation à Voltaire.
En 1939, Evelyn Beatrice Hall, excellente biographe de Voltaire, reconnaît le caractère apocryphe de cette citation et s'en excuse auprès de ses lecteurs (dont Mr Ben Hmiden ne fait visiblement pas partie) dans le tome LVIII de la revue Modern Language notes. Voici ce qu'elle note : « The phrase "I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it" which you have found in my book "Voltaire in His Letters" is my own expression and should not have been put in inverted commas. Please accept my apologies for having, quite unintentionally, misled you into thinking I was quoting a sentence used by Voltaire (or anyone else but myself)."
S'il y a une personne à qui les excuses de Mme Hall ne s'adressaient pas, c'est bien notre impardonnable ministre.
1 commentaire:
Quelle belle leçon d’humili-ation !
Et pour rester dans l’humilité qu’a toujours prônée notre ami Jalel, je prends "humilier" dans son sens étymologique (loin de sa /ses connotation(s) négatives) : rendre humble ou pousser à devenir humble.
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