Barend Cornelis Koekkoek et le paysage luxembourgeois au M.N.H.A.
Notre ami Giulio-Enrico Pisani publie dans le Zeitung Vum Lëtzebuerger Vollek ce compte-rendu de l'exposition consacrée à Barend Cornelis Koekkoek :
Pour commémorer le 150e anniversaire de la mort du célèbre paysagiste néerlandais Barend Cornelis Koekkoek (1803–1862), le Musée National d’Histoire et d’Art (1) expose les paysages luxembourgeois grand format qu’il réalisa pour le compte du Roi Guillaume II des Pays-Bas (Grand-duc du Luxembourg 1840–1849). Au coeur de l’exposition se trouvent les trois tableaux encore connus de nos jours du cycle original constitué de neuf pièces. À côté d’autres tableaux du Maître, l’exposition présente de nombreux croquis et dessins réalisés par Koekkoek à l’occasion de son voyage au Luxembourg au cours de l’été 1845. En outre, le visiteur découvrira des aquarelles de William Turner avec des vues de Luxembourg vers 1839, ainsi que des oeuvres représentant des motifs luxembourgeois, entre autres d’Alexandre Joseph Daiwaille, beau-frère de maître Koekkoek, du poète et dessinateur français Victor Hugo, de l’artiste peintre luxembourgeois Jean-Baptiste Fresez et de deux grands innovateurs de la peinture de paysage belge et néerlandaise vers 1850, Théodore Fourmois et Willem Roelofs.
Pour commémorer le 150e anniversaire de la mort du célèbre paysagiste néerlandais Barend Cornelis Koekkoek (1803–1862), le Musée National d’Histoire et d’Art (1) expose les paysages luxembourgeois grand format qu’il réalisa pour le compte du Roi Guillaume II des Pays-Bas (Grand-duc du Luxembourg 1840–1849). Au coeur de l’exposition se trouvent les trois tableaux encore connus de nos jours du cycle original constitué de neuf pièces. À côté d’autres tableaux du Maître, l’exposition présente de nombreux croquis et dessins réalisés par Koekkoek à l’occasion de son voyage au Luxembourg au cours de l’été 1845. En outre, le visiteur découvrira des aquarelles de William Turner avec des vues de Luxembourg vers 1839, ainsi que des oeuvres représentant des motifs luxembourgeois, entre autres d’Alexandre Joseph Daiwaille, beau-frère de maître Koekkoek, du poète et dessinateur français Victor Hugo, de l’artiste peintre luxembourgeois Jean-Baptiste Fresez et de deux grands innovateurs de la peinture de paysage belge et néerlandaise vers 1850, Théodore Fourmois et Willem Roelofs.
Et autant pour la présentation du M.N.H.A., résumé qui nous en
apprend assez pour nous mettre en appétit, mais non, bien sûr, pour répondre aux
interrogations des plus curieux d’entre nous. Faut donc s’y rendre. Et là, une
présentation détaillée vous attend entre les pages d’un un volumineux catalogue
que l’on peut consulter à gauche de l’entrée de l’expo, elle-même s’ouvrant à
droite en sortant du lift au 4ème étage du musée. Mais laissez pour l’heure
cette riche documentation aux aficionados et étudiants d’histoire de l’art, amis
lecteurs, quitte à y revenir après la visite, si l’une ou l’autre question vous
taraude. Car l’essentiel n’est-il pas avant tout de pouvoir pleinement profiter
de la vue des magnifiques paysages dépeints par Barend Cornelis Koekkoek et par
les autres artistes exposés, ainsi que de leurs dessins, esquisses et
gravures ?
Notez tout de même qu l’exposition commence par quelques tableaux
et sculptures représentant Guillaume II des Pays-bas et autres « souvenirs »
Orange-Nassau. On pourra plus ou moins apprécier en fonction de l’importance de
ce souverain dans la protection des artistes de son royaume (Luxembourg inclus).
Et il est vrai, que le titre complet de l’exposition est « Peint pour le roi /
Barend Cornelis Koekkoek & le paysage luxembourgeois ». Mais en fait, la
première partie du titre ne se rapporte qu’aux trois paysages peints par
Koekkoek pour Guillaume II, ainsi qu’à cinq des oeuvres présentées tout au début
de l’expo. Ce ne sont de toute façon guère des chefs-d’œuvre, et leur présence
ne se justifie qu’à peine dans le cadre de cette exposition dont surplomber
l’essentiel de l’intitulé par un pompeux « Peint pour le roi » me paraît
exagéré. Reconnaissons cependant que l’encombrement de ces cinq tableaux ne
dérange guère et ne nous retarde nullement dans l’exploration des peintures de
Koekkoek et des autres merveilles qui nous attendent deux pas plus loin. Bon,
quand je dis merveilles, il faut vraiment que vous me preniez au mot. En effet,
plus féeriques que réalistes, nombre de ces paysages du Luxembourg, mais aussi
d’ailleurs, répondent davantage à l’idéal d’harmonie et de beauté bucolique que
poursuivait le peintre de l’époque, plutôt qu’à une véritable fidélité au
sujet.
Exemple : ce splendide « Paysage Luxembourgeois avec vue sur la
Moselle » de Koekkoek, à la localisation douteuse, qui est devenu plus tard
« Paysage Rhénan l’après-midi ». Ainsi que bien d’autres, ce tableau représente
en fait une composition de complaisance réunissant plusieurs éléments de paysage
sur une seule et même toile. Autre exemple, également de Koekkoek : une « Vue
sur Heidelberg » et la vallée du Neckar, où manque le célèbre Vieux pont
caractéristique de ce paysage. Dérangeait-il peut-être l’artiste par sa lourde
maçonnerie dans sa représentation de cette poétique Landschaft du Neckar, où à
la ville même d’Heidelberg n’échoit d’ailleurs que la portion congrue ? (2) On
pourrait aussi penser que Koekkoek ait peint ce paysage, non d’après nature, en
1837, mais d’après un tableau plus ancien, d’avant 1788, date d’inauguration de
ce pont. Mais alors, l’artiste n’eût-il pas dû représenter le pont précédent,
sur les fondations (datant du Moyen-âge) duquel repose ce fameux Vieux pont ?
Mais à quoi bon ergoter ! Reconnaissons en effet que, dans la plupart de ces
cas, l’intérêt historique des oeuvres ne saurait être vraiment remis en cause.
Certaines inexactitudes permettent en fait d’apporter, grâce à leur étude, un
éclairage fascinant au contexte historique et artistique de leur création.
Ajoutez à cela le plaisir esthétique qu’elles nous offrent, et nous pouvons
tranquillement convenir qu’elles constituent dans leur ensemble non seulement un
trésor artistique, mais aussi historico-documentaire et pédagogique
intéressant.
Il ne faudrait cependant pas que j’oublie d’attirer votre
attention sur cette extraordinaire collection de faïences et porcelaines
d’époque (1825-1855), fabriquées à Limoges, Maastricht, mais surtout par
Villeroy & Boch à Mettlach et Septfontaines-lez-Luxembourg et gravées,
peintes ou imprimées par Zens frères d’Echternach. (3) Contrairement aux autres
« nobles souvenirs » susmentionnés, elles sont illustrées de nombreux paysages
luxembourgeois – surtout châteaux et ruines – d’après des gravures ou peintures
de maîtres renommés. Je pense entre autres aux châteaux de Brandenbourg, Vianden
et Burscheid d’après des lithographies de Nicolas Liez, ainsi qu’aux vues de
Clervaux, Wiltz, Esch/Sûre, Stolzembourg, Vianden, Falkenstein, Erpeldange,
Useldange, Berg, Larochette, Meysembourg, Hollenfels, Schoenfels, Ansembourg,
Beaufort, Septfontaines, Dommeldange, Walferdange, Luxemburg, Hesperange,
Kockelscheuer, Burglinster ou Schengen. Je puis donc conclure sans aucune
exagération que, outre le plaisir de la vue que l’on ressent devant cette
splendide exposition de tableaux et d’artefacts, c’est toute une partie de la
mémoire du Grand-duché qui nous revient, au sens propre comme au figuré, grâce à
cette exposition que tout un chacun devrait avoir à coeur de visiter.
Giulio-Enrico Pisani
***
1) Musée national d’histoire et d’art, Marché-aux-Poissons,
Luxembourg ville.Visites mardi à dimanche 10–18 h, mais jeudi 10–20 h (17-20 h
gratuit), jusqu’au 9 juin. Pendant le week-end de la Pentecôte, les samedi 18 et
dimanche 19 mai 2013 week-end portes ouvertes. Autres détails sur
www.mnha.public.lu.
2) Réflexions majoritairement confirmées dans le catalogue
susmentionné, dû aux contributions d’Asker Pelgrom, de Jeroen van Zanten,
Ellinoor Bergvelt, Lut Pil, Malgorzata Nowara, Pit Péporté, Guy May et
Jean-Claude Muller.
3) Nom complet : Manufacture royale grand-ducale de peinture
céramique d’Echternach Zens frères.
2 commentaires:
Tu as raison, Giulio, de noter que les œuvres ont , en dehors de leur valeur artistique, un intérêt ''historico-documentaire et pédagogique intéressant''. La peinture hollandaise et un exemple parfait qui prouve à quel point l'empreinte de l'Histoire tout court d'un peuple est présente dans l'histoire de l'art. Les transformations profondes de la société de cette région(et pas seulement) - politiques , théocratiques,économiques, dominations de castes, organisation sociale...- ont trouvé leur expression dans l'art hollandais, dans son évolution d'un art au service de l'autorité (église en particulier) à un art ''pour tous'', dans sa technique et dans l'organisation de son enseignement. J'ai toujours regretté que nos professeurs d'histoire n'insistent pas sur cette interdépendance, sur cet air de famille, cette unité des ''histoires', cela rendrait leur cours plus riches, moins austères, plus attrayants.
Ton compte-rendu donne vraiment envie d'aller voir ces merveilles et surtout de s'instruire autrement.
C'est vrai pour presque toute sorte d'écoles d'art, Halagu, de la préhistoire au vingtième siècle - hélas moins de nos jours. Je viens de visiter l'expo "CHAGALL, Une Vie entre Guerre et Paix", à Paris, au Musée du Luxembourg, et j'en parlerai prochainement dans mon journal en mai. C'est 80 ans d'histoire, de souffrances, de joies, de folie dans presque tous les sens du terme, que Chagall nous y présente. SUBJECTIVEMENT, bien sûr, mais c'est intéressant tout de même (tout comme les tableaux de naguère étaient loin de refléter des réalités objectives.
www.museeduluxembourg.fr/fr/expositions/p_exposition-18/
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