Ce témoignage poignant inscrit Victor Serge ( né en exil en 1890 et mort en exil en1947) dans la lignée du Dostoïevski des Souvenirs de la maison des morts, du Tchékhov de l'Ile de Sakhaline et le place bien avant le Soljenitsyne d'Une journée d'Ivan Denissovitch et le Chalamov des Récits de la Kolyma.
On lit ici une page irrésistible sur Saadi, écrivain public et poète rappelant le Saadi de Chiraz : "Car toute science n'est que poème, tout poème exprime un charme et les charmes guérissent, et les poètes devinent ; or Saadi connaissait en plusieurs langues, le turc, l'arabe, l'iranien, des vers pour toutes les circonstances de l'autre Saadi, ceux de Firdousi, les siens propres et ceux du Poète Sans Nom qui parcourt les pistes de l'Iran depuis le règne de l'Iskander, il y a mille ans."
19 commentaires:
Quand on comprend à travers quel beau fil comparatif Serge Victor est venu lier ce Saadi-ci à ce Saadi-là, on ne s’étonnera point qu’en Europe un minuit dans un siècle suffit à prendre conscience de la bêtise humaine, tandis qu’il est toujours minuit stagnant depuis des siècles chez nous.
Dans un sens à rebours, je trouve cet écrit sur un mur de Boulogne (quelqu’un écrit que ca date de 1977, mais cela m’intrigue un peu) tout à fait représentant de notre malaise : "Pendant la commune de Paris les communards avant de tirer sur les gens tiraient sur les horloges et les détruisaient ils voulaient arrêter le temps des autres, des patrons… ".
Comment faire comprendre à nos dirigeants amoureux du noir statique que minuit n’est beau qu’en s’acheminant vers l’aube? Je pense aussi, en écrivant cela, au bel ouvrage de Mao Dun, "Minuit", probablement influencé par l’écrivain belgo-russe.
Eh ! Victor Serge, je voudrais dire !
Je voudrais vous signaler, cher Jalel, un excellent film de Carmen Castillo (qui a connu la clandestinité et l'exil aussi), qui s'appelle ''Victor Serge l'insurgé''. Il a été programmé sur TV5 , il y a environ un an. C'est un travail considérable très riche en images d'archive, en grande partie inédits. Vous l'avez peut-être déjà vu...pour les amis qui l'ont pas vu voici les liens(2 parties):
http://www.dailymotion.com/video/xppphf_victor-serge-1ere-partie_news#.UWdP0Ve3N8F
http://www.dailymotion.com/video/xppqf7_victor-serge-2eme-partie_news#.UWdTgFe3N8E
Il fallait dire '' C'est un travail considérable très riche en images d'archives, en grande partie, inédites.''
Halagu, je ne connaissais pas. Merci.
J'ai plus d'une raison de trouver que ce film est irrésistible
Je corrige : Mao Dun ne peut pas être influencé dans ce livre par Victor Serge pour la simple raison que son "Minuit" est édité en 1933, alors que "S’il était minuit…" date de 1939 ; mais influencé par la littérature occidentale d’une façon générale, oui .
Jawhar, vous avez bien fait de rectifier d'autant plus qu'il s'agit de deux parcours diamétralement opposés
amitiés
Un des moments les plus bouleversants du film de Carmen Castillo est celui où Victor Serge évoque le suicide du poète Essénine et cite les derniers mots écrits avec le sang de ses veines: « Au revoir, mon Ami, au revoir. Il n’est pas nouveau de mourir dans cette vie, mais il n’est certes pas plus nouveau de vivre ».
Oui, on a l'impression qu'il se reconnaît dans la mort de S. Essénine, qu'il y reconnaît sa propre mort.
Bonjour cher Jalel
Je vous ai croisé, avec un grand bonheur, sur Facebook, avant que vous ne vous en éclipsiez, comme un oiseau mythique, le coeur à fleur de peau, délicat et effarouché, tel que je vous ai imaginé, par la fureur des soudards. J'ai eu du bonheur de vous retrouver dans cet espace. Je vous renouvelle mon amitié, et toute mon admiration, pour votre sensibilité. Puissions-nous assister à l'aube de la renaissance tant espérée.
@Halagu,
Écrire avec le sang de ses veines peut aussi paraître banal ici puisque "Il n’est pas nouveau de mourir dans cette vie, mais il n’est certes pas plus nouveau de vivre." Mais cela m’interpelle : de quoi l’homme a-t-il réellement besoin si ni la vie ni la mort ne le comblent ici-bas? Et pourquoi se bat-il ou se révolte –t-il, ou écrit-il alors?
Je pense que l’homme, tout homme couve la folle envie de vivre dans la poésie, pour parler humainement magiquement. Cet entre-deux qui te donne et t’enlève, te montre et te cache, te donne l’envie, mais t’enseigne qu’attendre te garantit la pérennité ; plus fort que vivre ou mourir dangereusement. Non pas l’illusion, mais l’ivresse de la chose que tu touches de la main, mais tu te retiens d’y mordre pour ne pas la finir, pour ne pas s’en lasser … En fait, un goût inaltéré du vivre que seul la poésie a l'audace de nous permettre sur terre ! Telle est peut-être la leçon de la citation rapportée par Jalel.
"seule la poésie..."
Ravi de vous retrouver Si Djamaledine. Je vous laisse mon mail
jalel.elgharbi@@gmail.com
Amicalement
@ Jalel et Giulio
chers amis,
je suis allée rue des Feuillantines voir les créations de Carole Melmoux. Bien sûr, heureuse de retrouver les originaux des illustrations que vous aviez choisis. (Une vieille femme dans son voile blanc aurait été une belle "regardante" de passantes...). Des encres, des collages. Des huiles somptueuses au beau grain doré ou des camaïeux de bleus et de pourpre étourdissants. Enfin, c'était magnifique et, oh, surprise, elle est arrivée avec une amie et nous avons pu échanger sur ses œuvres et sur l'art. Mr Sinthomez qui tient cette galerie est un érudit fin et discret. Un beau samedi que je vous dois !
Je vais maintenant lire ce billet qui semble avoir intéressé de nombreux commentateurs !
Et pourtant, cher Jalel, dans les "Récits de la Kolyma" de Chamalov, la première page de "Sur la neige", cette marche difficile dans la neige, est somptueuse : "C'est toujours par de belles journées qu'on trace les routes pour que les vents ne balaient pas le labeur humain..."
Le jour du vernissage - le 4, j'y étais avec ma meilleure moitié de 18 à 21 h - j'avais espéré vous y rencontrer, chère Christiane; mais si votre traversée de Paris n'a pu se faire ce soir là, le destin ne l'aura pas voulu et une autre occasion se présentera.
Le jour du vernissage - le 4, j'y étais avec ma meilleure moitié de 18 à 21 h - j'avais espéré vous y rencontrer, chère Christiane; mais si votre traversée de Paris n'a pu se faire ce soir là, le destin ne l'aura pas voulu et une autre occasion se présentera.
J'aurais tant aimé y être, chère Christiane.
Oui, cette semaine-là a été complexe ... Cela aurait été une joie si parfaite...
Enregistrer un commentaire