C’est un tableau de 56x76 cm appartenant à la collection du peintre présentant une scène nocturne. La nuit n’est pas signifiée par la couleur noire mais par ce bleu du ciel plus prononcé que celui du jour et par la présence de la lune. Chez Dell’Olio, la nuit n’altère ni les couleurs ni les contours. La couleur noire est réservée ici à la veste du jeune homme qui attend sa belle (d’où le titre du tableau « L’Attesa ») et à la rampe du balcon. Deux touffes de branches figées dans leur verdure suggèrent le silence et signifient la discrétion du rendez-vous, ou tout au moins du jeune homme qui se tient derrière un arbre. La fenêtre aux volets bleus, ce bleu de Sidi Bou Saïd, est ouverte. C’est une nuit d’été, la chambre est chaudement éclairée par une lumière jaune. Ce jaune a un écho dans la surface de la lune. Comme dans l’imaginaire arabe, la lune suggère la beauté de la belle (en la matière, il n’y a pas de redondance). Les rideaux blancs sont ici un comparant de la féminité et de la fraîcheur.
Le jeune homme tient une cigarette ce qui semble exprimer le coefficient désir dans le tableau.
Le jeune homme attend. Et le tableau aurait pu ne pas s’appeler « l’Attesa » mais « La Distance » ou « La Proximité ». En tout cas, « L’Attesa » est une illustration de cette proximité entre distance et proximité dont j’aime à trouver les expressions. Ou alors, le tableau est une redéfinition de l’attente qui serait l’équidistance entre proximité et distance.
Le tableau est une belle allégorie du désir. On en voit les signes, les traces, les empreintes mais non pas l’objet. Veut-il insinuer que nous n’avons pas à voir ce que nous désirons ? Veut-il signifier que nous devons désirer par-delà l’absence, dans une posture qui n’espère pas de réalisation ? Dans une posture qui se contente de la complicité que peut laisser entendre la fenêtre ouverte.
5 commentaires:
j'adore me laisser submerger par l'émotion que peut provoquer une œuvre d'art quelqu'elle soit je ne désire pas en la matière me fermer à toute manifestation artistique, le seul juge est mon cœur et il bat pour ce bleu profond
Oh! C'est magnifique
Je ne connais pas la lumière de la Tunisie. Je l'imagine si différente des ciels souvent opaques et lents de la région parisienne, où tout est obscurci, la nuit par trop de lumières électriques et par ces fines particules des fumées citadines et industrielles. Parfois, l'été, quelque échappée solitaire me conduit sur les flancs ténébreux de La Grande Chartreuse et si l'humeur du temps n'est pas trop maussade, la nuit y est étoilée. Alors si je regarde les fenêtres éclairées du monastère proche, il y a cette déchirure de lumière, couleur de lune, se sertissant dans le bleu profond et doucement lumineux du ciel.
En Tunisie, j'imagine la qualité de la lumière avec ce tremblement, né de la chaleur, d'une autre proximité de la nature. Contre quel paysage échanger les forêts profondes et sombres des résineux des montagnes ?
Je regarde ce tableau (et d'autres) et je lis les textes de ce blog et quelque chose de cette lumière inconnue approche et s'entrouvre comme un oeil de chat .
christiane
Quirin a raison. là a eu lieu l'éclosion du désir.
@ Christiane : effectivement, vous avez raison. Rien n'est plus propice au désir que l'absence.
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