mercredi 17 décembre 2008

A Poet's Life / La vie de poète

Norton Hodges.

Je ne sais pas combien de recueil de poésie je reçois par mois mais je sais que rarement un recueil m’aura fait autant plaisir que celui de mon ami Norton Hodges From here to here / d’Ici à ici.
Norton Hodges est né en 1948 à Gravesend, Kent, Angleterre. Il a étudié le français et l’allemand à l'Université de Swansea, Pays de Galles, et a enseigné par la suite les langues modernes durant 22 ans. Il a été aussi employé de bureau, critique littéraire, surveillant d’examens, et a donné des cours d'alphabétisation pour adultes. Il a une maîtrise (1980) et un doctorat (1998) en langue et littérature.
Norton Hodges a publié des articles de fond et terminé les cours supérieurs de poésie de l’Open College of the Arts. Après avoir pris sa retraite de l’enseignement en 1997, il a commencé à proposer ses poèmes à diverses revues littéraires. Depuis, ceux-ci ont été publiés sur l’Internet et dans de nombreux magazines anglais, ainsi que dans des anthologies. Ils ont été traduits en français et en ourdou, et numérisés par la Poetry Library, Londres.
Norton Hodges a traduit en anglais les poètes francophones Athanase Vantchev de Thracy et Théo Crassas. En 2005, il a reçu le Grand Prix International de Poésie de l'Institut Solenzara (France).
Il vit à Oakham, Leicestershire, Angleterre. Il vient de publier From here to here, D’Ici à ici, dans une édition bilingue dans une traduction de son ami Athanase Vantchev de Thracy. Ouvrage publié par les soins de l’Institut Culturel de Solenzara.
Voici un poème inédit qui, d’après le poète même, réfère à ce dernier recueil :

A Poet's Life

How could he have known he was
a poet as he struggled to get out
from under the stupendous weight of his
father during carpet wrestling?

How could he have known he was
a poet when he could not tell
his mother's shadow from his own as he
set the tray down on her sickbed?

Today, the solidity of his book hints
at the truth, the almost tearful eyes
of his first reader repeat the trick,

yet his own eyes are dry, empty of
the feelings he squeezed onto the pages,
longing for less words, more white space.

NORTON HODGES
La vie de poète
Comment aurait-il pu comprendre
Sa vocation de poète quand il se démenait pour se libérer
De l'incroyable poids du corps de son père
Qui l'écrasait sur le tapis quand ils jouaient aux catcheurs?

Comment aurait-il pu comprendre
Sa vocation de poète quand il n'arrivait pas à distinguer
Son ombre de celle de sa mère
Lorsqu'il posait le plateau de repas
Sur les couvertures de son lit de malade?

Aujourd'hui, la présence concrète de son livre confirme
Cette vérité, et les yeux au bord de larmes
De son premier lecteur redoublent l'illusion,

Mais ses yeux à lui restent secs, vides de tous
Ses sentiments qu'il a déjà exprimés de son coeur sur les pages
Rêvant à des poèmes où les mots sont des îles
Perdues dans l'immense page blanche.
translated into French by Athanase Vantchev de Thracy
Outre les réactions à ce billet que l'on trouvera dans les commentaires (je pense surtout à Quirin et à Christiane), je reçois ce courriel de mon ami le poète Andrea Maldeste (dans mes liens).
Je lui répondrais juste par une phrase : je pense que c'est l'oeuvre qui éclaire la biographie et non l'inverse.
Bonjour Jalel El Gharbi,
Votre dernière note tombe à propos… parce qu'elle me permet de soulever une interrogation qui m'occupe depuis longtemps… Je veux parler de cette habitude des universitaires, et surtout des éditeurs, de devoir justifier une œuvre par des détails biographiques – la fameuse notice biographique – Parfois en effet le détail biographique éclaire l'œuvre. Par exemple savoir que les "Feuillets d'Hypnos" ont été écrits par René Char alors qu'il était Capitaine Alexandre dans le maquis… et on pourrait en dire autant de pratiquement toute l'œuvre de Malraux tant elle se confond avec sa biographie… etc.Mais parfois la notice biographique ne révèle rien… parce que le poète n'a rien fait d'autre que d'écrire des poèmes… ou alors il n'a été qu'un petit fonctionnaire dans un bureau ou qu'un petit professeur de province… Et là on voit quand même les éditeurs devoir justifier l'œuvre par des détails biographiques, pourtant sans aucun rapport avec l'œuvre (voire totalement inutile)… par exemple « il s'est rendu dans tel pays » ou encore « il a fait telles études » et, quand il n'a pas fait d'études, « il était autodidacte », ou plus surprenant encore « il a rencontré tel autre poète ou écrivain… »A tel point je crois que des auteurs en sont même venus à penser qu'il fallait effectivement une biographie pour devenir écrivain… et certain même n'hésitant pas à s'inventer quelques éléments biographiques quand ils manquaient… comme pour faire plus écrivain… Je songe par exemple à Faulkner affirmant qu'il a était aviateur pendant la Première Guerre Mondiale alors qu'il n'a jamais volé… et plus étonnant encore Malraux rajoutant quelques mensonges dans sa biographie pourtant déjà suffisamment fournie…A tel point aussi que certains jeunes auteurs ressentent encore aujourd'hui le besoin de voyager comme pour aller chercher des détails biographiques qui manqueraient, (« Un homme qui ne sait ni voyager ni tenir un journal a composé ce voyage » Ecuador de Michaux) alors même que le voyage est devenu pourtant d'une telle facilité et d'une telle banalité, qu'on a presque autant de chance qu'il nous arrive quelque chose en remontant la ligne 13 du métro parisien à 1h00 du matin qu'en prenant l'avion pour Pékin…Fernando Pessoa est à mon sens le premier poète qui a montré par des textes magnifiques que la vie et son monde intérieur était suffisamment riche de matériau pour devoir aller le chercher ailleurs, il a su débarrasser la poésie de cette conception un peu romantique du poète aventurier et voyageur…Bien entendu j'écris cela tout en étant le premier à me précipiter sur cette notice biographique quand un auteur me plait… mais enfin je reste quand même parfois surpris de certaines notices biographiques légèrement « orientées »… Je vous enverrai (si vous voulez bien) l'extrait d'une chose que j'avais écrite à ce propos alors que je n'étais encore qu'adolescent… là je suis au travail et je ne l'ai pas sous la main... c'est aussi pour cette raison que je dois écrire vite… donc pardonnez-moi si je ne suis pas très clair…Amitié.
Andrea.

37 commentaires:

Anonyme a dit…

MINIMUM INTEGRAL

Il n'y a rien à comprendre
Dans l'existence du poète
Juste le son des ciseaux
Qui découpent les pointillés

Rien à comprendre
Tout à entendre
Enfin si peu

Juste la réverbération
De l'écho des arômes
Sucrés du silence

christiane a dit…

"Mais ses yeux à lui restent secs...". Sortilège de l'écrivant qui déjà a repris la haute mer et qui guette la levée des mots comme la terre d'une nouvelle île. Secrets de cette navigation solitaire d'avant le partage. Aveugle, mains tendues se guidant à la seule chaleur du feu. Spectre de sa propre vie, ombre invisible et fidèle dont il ne connaît que le souffle dans l'émiettement du quotidien, il rayonne "réverbération...du silence...", faisant fruit de la parole déposée en lui par le père et la mère (merci Norton Hodges), nous conduisant vers la lumière par le glissement magique d'une écriture silencieuse.
Humbles lecteurs, sur les vaisseaux de leurs voyages d'exilés, nous crierons :Terre ! Terre ! en ouvrant leurs livres...

Anonyme a dit…

Belle illustration du proverbe italien: traduttore = traditore!

christiane a dit…

Quirin,
qu'avez-vous lu que cette traduction aurait ignoré ?
Comprenez-vous, vous, pourquoi vous écrivez ? Quand avez-vous su qu'écrire serait essentiel dans votre vie ? Quels rapports avez-vous avec vos lecteurs, avec votre écriture ?

Anonyme a dit…

"Comment aurait-il pu comprendre"

comment avant les larmes de l'autre, du lecteur qui est tellement plus, comment avant cela un poète peut-il comprendre ce qu'il est ce qu'il veut ce vers quoi il tend, comment, mon cher Jalel, se fait-il que les poètes donnent tant d'amour, et que jamais ils ne cesseront de chercher ces "îles perdues dans l'immense page blanche."

"comment aurait-il pu comprendre sa vocation de poète" alors que "ses yeux à lui restent secs, vides de tous ses sentiments qu'il a déjà exprimés de son cœur sur les pages"...

"la présence concrète de son livre confirme cette vérité" mais bien avant de la confirmer il faut encore l'avoir senti l'avoir vécu avoir été tenaillé par elle cette vérité...le livre est simplement la matérialisation nécessaire, le totem à mettre debout, mais déjà et depuis si longtemps, depuis cette enfance cela couvait, cela se préparait à surgir, de loin, de si loin... "aujourd'hui" donc, il y a ce livre, cet aboutissement, ce don à l'autre, ce poète aimant et aimé "aujourd'hui".
C'est cela "la vie de poète", aimer intensément et en être aimé, laisser sourdre cette "vérité",la seule importante, et continuer ce chemin toujours "rêvant".

Amitié, nicolas

Jalel El Gharbi a dit…

@ Nicolas Vasse : votre commentaire touche à l'essence de la poésie et si je puis me permettre, à ce que le poétique a de plus ontologique. Merci cher Poète.
Amicalement

christiane a dit…

Comme c'est important ce qu'écrivent ici, Andrea et Nicolas, aussi.
Comment l'écriture vient dans la vie, comment l'écrivant devient jaloux de son écriture, comment il veut peu à peu lui ressembler. Préfèrerait-il ses songes de "grand large" à son long voyage immobile ? L'oeuvre peint sa vie, la transforme, fait de lui un personnage qui devient son ombre et sa quête, un sortilège, une possession, un mensonge qui devient son identité.
Des biographies idéales tisseraient ces dédoublements que Pessoa a exploré dans ses hétéronymes.
Et ceux qui n'écrivent pas, sont-ils à l'abri de ces fantasmes ? Qui rencontrons-nous dans l'autre et en nous-mêmes ? Est-ce tellement important ? Ne sommes -nous pas libres de compenser par la création toutes nos peaux de chagrin ?

Ondine a dit…

On ne peut pas réellement parler d'une traduction ici mais plutôt d'une réappropriation du texte original. Les deux écrits sont également poétiques, inspirants, mais un gouffre de sens a été creusé entre ces deux facettes d'un même prisme.

Les libertés qu'a pris le traducteur me rappellent un peu celle de Michel Garneau traduisant Le livre du constant désir de Leonard Cohen. Il a d'ailleurs de façon parallèle écrit un poème inspiré de chaque poème traduit, qui prolonge l'univers de Cohen, se veut écho.

Anonyme a dit…

Chère Christiane, pour répondre à votre première question (aux autres je n'ai pas de réponse) Ondine a raison. Il s'agit plus d'une réappropriation que d'une trahison: mais je pense, moi, qu’en règle générale et, surtout en poésie, moins, c’est plus. Le lecteur n’a pas besoin qu’on lui fasse de dessin. Certes, des exceptions sont concevables ; le byzantin et le baroque peuvent avoir leurs charmes et tout est toujours discutable, tout comme peuvent être discutées les remarques suivantes :

Comment aurait-il pu comprendre (1)
Sa vocation de poète quand il se démenait pour se libérer
De l'incroyable poids du corps de son père (2)
Qui l'écrasait sur le tapis quand ils jouaient aux catcheurs? (3)

Comment aurait-il pu comprendre (1)
Sa vocation de poète quand il n'arrivait pas à distinguer
Son ombre de celle de sa mère (4)
Lorsqu'il posait le plateau de repas
Sur les couvertures de son lit de malade? (5)

Aujourd'hui, la présence concrète de son livre confirme
Cette vérité, et les yeux au bord de larmes (6)
De son premier lecteur redoublent l'illusion,

Mais ses yeux à lui restent secs, vides de tous
Ses sentiments qu'il a déjà exprimés de son coeur sur les pages (7) (8) (7)
Rêvant à des poèmes où les mots sont des îles
Perdues dans l'immense page blanche. (9)


1) Le subjonctif me paraît plus élégant
2) Stupendous : (italien stupendo) magnifique, étonnant, stupéfiant, splendide, prodigieux.
3) invention d’A.V.T. Lutte sur tapis entre père et fils n’a aucun rapport avec le catch.
4) malade alité le dos enfoncé dans les coussins ne jette pas d’ombre, mais peut être dit «une ombre». Voilà pourquoi sa mère et l’ombre du poète font tout’un.
5) superfétatoire, invention de A.V.T. (pourquoi pas la couette, le drap (chaleur estivale) oule drap retourné sur la couverture?)
6) Quelqu’un(e) est aux bord des larmes, non les yeux
7) pléonastique
8) superfétatoire
9) bel ajout (mais non traduction) de A.V.T.

La vie de poète (???)

Comment aurait-il pu comprendre (1)
Sa vocation de poète quand il se démenait pour se libérer
De l'incroyable poids du corps de son père (2)
Qui l'écrasait sur le tapis quand ils jouaient aux catcheurs? (3)

Comment aurait-il pu comprendre (1)
Sa vocation de poète quand il n'arrivait pas à distinguer
Son ombre de celle de sa mère (4)
Lorsqu'il posait le plateau de repas
Sur les couvertures de son lit de malade? (5)

Aujourd'hui, la présence concrète de son livre confirme
Cette vérité, et les yeux au bord de larmes (6)
De son premier lecteur redoublent l'illusion,

Mais ses yeux à lui restent secs, vides de tous
Ses sentiments qu'il a déjà exprimés de son coeur sur les pages (7) (8) (7)
Rêvant à des poèmes où les mots sont des îles
Perdues dans l'immense page blanche. (9)

Moins poète que A.V.T. mais peut-être plus soucieux de l'esprit de l'auteur, j'eus traduit ce poème plutôt ainsi:

Une vie de poète

Comment eût-il pu se voir
poète, quand il luttait pour se libérer
du prodigieux poids de son père,
pendant qu’ils se roulaient en jouant sur le tapis?

Comment eût-il pu se voir
poète, puisque incapable de distinguer
son ombre de l’ombre qu’était sa mère,
lorsqu’il posait le plateau-repas sur son lit de malade ?

Aujourd’hui, la matérialisation de son livre suggère
cette vérité ; et les yeux humides
de son premier lecteur répètent l’illusion,

lorsque ses yeux à lui restent secs, vides de tous
les sentiments exprimés de son cœur sur ses pages,
des mots qu’il voudrait moins avoir dits.

De toute façon, je suggère que nous laissions le dernier mot à gmc. N'a-t-il pas été le premier?

Norton Hodges a dit…

This poem was written as a consequence of the publication of 'From Here to Here', the collection which the professor has mentioned in his post. I've made several attempts to write autobiographicaql prose but all have ended up in the bin, so this poem is probably an attempt to summarise what I would have said but in a shorter space! The concreteness of the book in my hands, its very solidity is some defence against all that has been subtracted from my life.

christiane a dit…

Merci Quirin, de m'avoir, de nous avoir, permis d'entrer dans ce travail d'orfèvre qu'exige la traduction. C'est tout à fait passionnant. C'est comme cela que l'on devrait apprendre une langue, cette approche de deux écritures au plus près de l'inspiration de l'auteur.
Jalel nous a offert un travail similaire avec la traduction du poème de Darwich où il a travaillé tant d'heures.
Nous devrions passer autant de temps et de délicatesse pour comprendre la pensée de l'autre , des autres... Il manque tant de traducteurs dans ce monde pour que l'amitié l'emporte sur la haine !

christiane a dit…

à Monsieur Norton Hodges.
Merci de cette lettre émouvante qui porte la trace d'un combat, d'une quête comme dans votre poème. Vous y évoquez les efforts pour se libérer, pour se distinguer dans l'ambiguïté de l'enfance, pour être, pour écrire. Mais aussi cette douleur, semble-t-il, de l'illusion de cette plénitude que devraient vous apporter ces mots et que semblent trouver vos lecteurs. Vous êtes comme vide, vidé, vous les avez perdus; ils se sont éloignés, vous laissant dans l'informe de ce qui n'est pas encore. Seriez vous toujours exilé entre deux écritures ? J'ai essayé de comprendre avec le coeur, mon anglais, sans l'aide de Quirin, étant très approximatif. Si votre lettre pouvait être finement traduite ici, ce serait un grand bonheur... Quirin ?

@ude a dit…

Traduction du commentaire de Norton Hodges:

Ce poème a été écrit à cause de la parution de "Ici à Ici", le recueil mentionné par le professeur dans son billet. J'ai essayé maintes fois d'écrire une note biographique mais elles ont toutes fini à la poubelle, donc ce poème est en quelque sorte une tentative de synthèse en plus court! Tenir ce livre concrètement entre mes mains, sa solidité même, est comme un rempart contre tout ce qui a été soustrait de ma vie.

christiane a dit…

Merci, Aude.
La fin est terrible...J'avais senti un vide, une perte. Mais le livre solide, cela est beau. Alors ces mots, cette écriture, seraient un rempart contre un délitement de la vie, contre le chagrin ?
"Sur ses mots qu'il voudrait moins avoir dit.". Quel mystère...
J'aime beaucoup ce que vous faites, Norton Hodges,avec de simples mots. Ils deviennent des traces de pas dans la neige, comme chez Jean-Louis Kuffer. Allez voir son blog, parfois son écriture a le même son que la vôtre, un son bleu de ciel d'hiver...un crissement d'étoile solitaire... Il est en lien chez Jalel (JLK)

Jalel El Gharbi a dit…

@ Aude : merci et c'est joliment traduit.

Anonyme a dit…

Vous me surestimez, chère Christiane; mon anglais est sans doute plus approximatif que le vôtre et se résume à celui du vendeur d'acier à l'exportation que je fus dans ma précédente vie. Mon vocabulaire courant et culturel en anglais est une catastrophe et ma compréhension insuffisante pour une conversation. Par contre j'ai un certain feeling linguistique général qui me permet à l'aide de nombreux dictionnaires et encyclopédies (il me faut parfois zapper entre quatre dictionnaires, effectuer des détours par 2 ou 3 langues et faire plusieurs recherches "idiomatiques" sur Internet pour trouver le sens d'un mot dans un contexte donné.
Retraduire le quatre vers de N.H. m'a pris trois heures.
L'intelligence ne consiste pas à résoudre un problème, mais à le résoudre rapidement. Donnez-moi quelques millions d'années et je finirai bien par réinventer la roue.
D'autre part, il y a aussi le défi à relever, culot. Âgé de 23 ans et capitaine de mon équipe d'échecs en tournoi à Londres, je jouais l'interprète pour 5 empotés qui tous connaissaient l'anglais mieux que moi.
Pardon Jalel et pardon tout le monde pour avoir usé de ce blog, disons, hors sujet!

Anonyme a dit…

et s'il n'y a aucun problème à résoudre, en quoi consiste l'intelligence, quirin?

christiane a dit…

C'est passionnant Quirin. Vous êtes un stratège, un jongleur de mots et un joueur d'échec.
Je m'amuse beaucoup chez Jalel : la poésie devient surréaliste, c'est très convivial. Nous partageons les mots , sans façon, autour d'une table couverte de livres, de carnets d'écritures, de dictionnaires, d'encres et de plumes... Dans un coin, un ordinateur presque...oublié et pourtant sans lui, aucun de nous n'aurait pu converser !
Le poète à l'honneur sur cette page, Norton Hodges, et notre hôte doivent aimer ces délires poétiques et ces passerelles de l'un à l'autre.

@ude a dit…

merci Jalel,

traduire, pratiquer le miroir (sorte de traduction antonymique) et dans une moindre mesure l'écho, engagent dans une lecture plus empathique, plus profonde, plus intime aussi, parfois terriblement intime...comme s’immiscer sous la peau des mots…

Anonyme a dit…

"à Tout entendre", cher gmc
"Enfin si peu".

plagiat ou citation?
le sage stylite ne saurait s'en offusquer.

Je ne joue plus aux échecs depuis longtemps, chère Christiane. Mais je commence à vraiment apprécier le Jardin de Jalel.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Aude : Je ne sais si les figures de style en oeuvre dans la traduction lui sont spécifiques ou est-ce des figures qui se manifestent dans toute activité littéraire.
@ Quirin : heureux de te retrouver tous les jours. Il manque juste le verre de l'amitié.
Amitiés

Anonyme a dit…

ni plagiat ni citation a priori... en fait, je n'en sais rien
mais, néanmoins, au cas où, le pillage est autorisé, voire recommandé, en matière de poésie.
les questions de copyright ou de propriété prétendue intellectuelle ne concernent que les domaines marchands

Anonyme a dit…

Heureux et quasi-bucolique interlude, cher Jalel, qui ne saurait hélas être la règle, car même si je fuis un temps le collier, le collier voudra être repris.

Anonyme a dit…

l'exemple le plus frappant en la matière est celui des fables de la fontaine dans lesquelles plus de 90% provient des contes et légendes persanes que la fontaine s'est contenté de versifier.

Jalel El Gharbi a dit…

@ gmc : C'est un autre niveau. Pour la fable, c'est curieux mais peu importe le récit ! La Fontaine a puisé chez Esope a puisé dans la fable indienne (Pilpay). Ce qui est intéressant, c'est que La Fontaine l'a lu dans la "traduction" qu'en fait Ibn Al Moqafi' traduit en français. L'excellent prosateur Ibn Al Moqafi', comme La Fontaine, n'empruntent que le récit et jamais une métaphore.
La métaphore a un devoir absolu de nouveauté. Elle s'use vite et cesse d'être métaphore, finit même par devenir lieu commun.

Anonyme a dit…

le temps transforme tout en lieu commun, jalel, pas d'inquiétude à se faire à ce sujet.
"devoir absolu de nouveauté": l'emploi du terme "devoir" est un peu synonyme d'obligation; or, sans obligation, le monde ne produit que des modèles uniques, y compris dans le registre des métaphores:
si, par un advenant hasard, deux d'entre elles comportaient les mêmes mots, elles diffèreraient quand même de par leur contexte ou tout autre sorte de facteurs d'influences pouvant surgir dans leur jaillissement.
de plus, la polysémie intrinsèque du langage empêche un seul individu (qui se croit tel mais est en fait plusieurs individus, "un même homme ne se baigne jamais 2 fois...") de faire deux lectures identiques.

Jalel El Gharbi a dit…

@gmc : au lieu de "devoir" mettons "nécessité". oui, le temps tue la métaphore. Et vous avez raison : on peut restaurer une métaphore. Peut-être même que le champ du métaphorique est limité alors que celui de la "reprise", de la restauration, de la rénovation est infini. Un peu comme le champ de l'écrit est limité et infini celui de la réécriture.
Bien à vous

Anonyme a dit…

tous les champs sont infinis, jalel, tous les chants aussi d'ailleurs, qui n'en forme qu'un.

LES PROFONDEURS DU TEMPS

Un chant sans frontières
Rayonne de glissades odorantes
Sur le fronton pourpre
D'un arc-en-ciel
Aux luges effrontées
Par les saveurs de la lune
Qui plante en son jardin
Des sarments ludiques
D'aubépine aux yeux clairs
Et au sourire ravageur

Jalel El Gharbi a dit…

@ gmc : je souscris à cet "un" aux FIGURES infinies non pas tant parce que c'est mystique mais parce que c'est oxymorique.
J'ai tout de même tendance à penser que les figures sont finis et que l'écriture (l'investissement qu'on fait de ces figures) est infinie.
Bien à vous

Anonyme a dit…

Tu me comprends mal, cher gmc, c'est moi qui me demandais (avec humour, devinant le détachement du stylite que je soupçonne en toi) si je plagiais ou citais, en répondant à ta question sur l'intelligence, la subtile deuxième strophe de ton "MINIMUM INTÉGRAL"

Anonyme a dit…

non, quirin, j'ai bien compris (après coup ;-)), mais comme la réponse pouvait convenir aussi dans l'autre sens, je n'ai rien modifié

Anonyme a dit…

mystique est un terme qui, aujourd'hui dans le monde technoïde occidental, signifie "débile léger ou profond" dans son acceptation courante.

pour la finitude, les regards seuls forgent des frontières qui, vue de la plaine, ressemblent à de légers liserés de fumée multicolore.

Jalel El Gharbi a dit…

@gmc: pour moi qui suis en train de lire Ibn Arabi le mot "mystique" n'a pas le sens qu'il a "aujourd'hui". ou alors je ne suis pas un homme d'aujourd'hui.

Anonyme a dit…

gmc, tu es génial, je retire "mon" stylite motivé par par ton (apparent?)détachement panoramique. Je crois que décidément tu préfères la barrique à la colonne. Me trompé-je?

Anonyme a dit…

la barrique de shams ou celle d'omar khayyam si tu veux, celle des danaïdes, il y a déjà tellement de volontaires sur le coup que je décline l'invitation

Anonyme a dit…

En fait, je pensais à Diogène

Anonyme a dit…

ça me va aussi ;-)