mardi 27 janvier 2009

L'Homme assis d'Edouardo Galhos


Photo Roland Lagoutte.




Mon ami le poète Edouardo Galhos (dans mes liens) vient de publier aux Editions Poêtês (Luxembourg) un recueil intitulé L’Homme assis (Poème). Edouardo Galhos est un artiste à la fois peintre, calligraphe, homme de théâtre et poète fortement influencé par son expérience japonaise.
Différentes postures se lisent dans ce recueil : celle du cheminement, celle de la pensée qui aime à s’arrêter sur les choses et celle de la méditation qui aime à cheminer. Il y a dans le récit de cet homme qui marche et qui médite comme des réminiscences de son passé. Le passé : ce qui n’est plus et qui est pourtant là. Il émane de ces évocations une impression d’étrangeté, d’inquiétude et d’inquiétante étrangeté (unheimliche). Et l’on comprend que l’homme titube, vacille, trébuche, chancelle dans la vertigineuse conscience d’être (et d’être pour le néant) qui l’anime :
Et pourtant
L’homme se lève à tout moment
Comme aux premiers jours
Debout, il court
Sa ténacité tient de l’émerveillement du jour
Où il a couru ayant les yeux grands ouverts
Après quoi comme autrefois
Il se retrouve anéanti sous un soleil ardent
Au fond de ce creuset flamboyant
Où les mots se fondent, amers
D’autres naissent et se refont, plus doux
Aux bords d’une nouvelle ère.

L’homme assis ISBN : 78-2-919942-40-9, peut-être commandé à l’adresse suivante : http://poietes.poesie-web.eu/

18 commentaires:

Anonyme a dit…

Edouardo Gallhos... Une rue mystérieuse de Lisbonne qui descend entrainant vers le nulle part de la photographie son charroi d'invisibles damnés... "L'homme et ses démons"... Comme ils sont inventifs ces démons !
Je découvre "L'homme assis" et cette écriture de phénix... ces mots qui "fondent" et se "refont"... ces émerveillements et ces anéantissements...ces nuits noires et ces aubes...
Ce Sisyphe de l'écriture, traverse votre globe (blogue, écrirait Feuilly)) alors que nous sommes à nouveau en bas de la pente et qu'il faut se relever... Comme la pierre à rouler est lourde, mais ce ne sont pas nos dieux qui nous condamnent à redescendre et à recommencer, ce sont les hommes et ...leurs démons.

Anonyme a dit…

ASSIS SUR LA BARRIERE

Les yeux grands ouverts
Pas un homme ne courre
Seuls des rêves parfument
L'enivrement des paupières
Aux grands bracelets d'or

Les yeux grands ouverts
Une femme lit
Sur un lit de pétale
Comme un pal dans la bouche
Qui sourit aux étoiles

Les yeux grands ouverts
Un enfant joue
A l'alchimiste de quartier
Faisant rouler la lune
Sur des tréteaux de saveurs

Anonyme a dit…

IL y a quelque chose de circulaire dans la méditation, tout comme dans la calligraphie. La pensée tourne autour du poignet. Dans la méditation, la pensée a pouvoir de transformer le passé en l'infusant dans le présent. Cette titubation n'est-elle pas le signe d'une pensée vivante...
Merci pour cette référence, cher Jalel.
Bien à vous.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Christiane, oui. Je pense aussi à Pessoa.
@ gmc : voici l'art de traduire un poème en poème. Merci.
@ Amel : Oui, la pensée, comme la poésie aime à tourner autour de son objet, à revenir sur ses pas. Rhétoriquement, elle aime la périphrase : figure qui mérite d'être réhabiblitée.
Bien à vous

katch a dit…

Voilà qui est merveilleux, je viens me promener chez vous, et la photo me donne presque l'impression de regarder par la fenêtre du café où j'ai passé plusieurs heures, ces derniers temps...

Le très bel extrait que vous nous offrez me fait penser, sans trop savoir pourquoi, peut-être parce qu'il en serait comme un pendant plus lumineux, à ces mots de Pavese qui soufflent souvent dans ma tête:

« Traverser une rue pour s’enfuir de chez soi

seul un enfant le fait, mais cet homme qui erre,

tout le jour, par les rues, ce n’est plus un enfant

et il ne s’enfuit pas de chez lui. »

Toujours très amicalement.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Katch : merci de votre passage et de cet extrait de Pavese.
Continuez à cheminer et à nous faire signe de temps en temps
Amicalement vôtre

Anonyme a dit…

Une porte entre-ouverte
Une porte à peine fermée
Quand je vagabonde dans le temps
Je me sens comme un arbre déplumé
Ou comme une veine tracée dans mes feuilles.
Merci Jalel...je voudrais avoir lesdits sonnants et trébuchants
pour refleurir ma bibliothèque.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Sylvaine : Merci infiniment. "les dits sonnants et trébuchants" ? Si vous parlez du recueil, vous pouvez le commander via le lien en bas du texte
Bien à vous

Anonyme a dit…

@katch,

bien vu, joli sens de l'à-propos, cette citation de pavese (vu d'ici, celle de pavese est beaucoup plus lumineuse, reste à savoir si héraclite est bien aussi obscur qu'on le dit:-))))

Anonyme a dit…

Vraiment splendide, ce poème, Jalel! Je suis impatient de lire ce recueil dont Laurent Fels ne m'a pas encore parlé et que je ne trouve pas sur le site Poiètês. Note, j'ai surtout l'impression qu'il marche, cet homme assis. Après Rodin, Giacometti, Christian Bobin, Jiro Taniguchi, Aurélia Georges et dieu sait combien d'autres artistes et écrivains, voilà Edouardo Gallhos qui fait marcher l'homme que les dieux veulent soumis, Marx et Camus revolté, Cendrars foudroyé et les gouvernants silencieux.
"Hullo! My name is Sisyphus."

Anonyme a dit…

Pour la douceur du soir qui vient cette belle pensée d'Alberto Giacometti :
"La grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage. C'est plus grand que tous les voyages du monde..."

Anonyme a dit…

Merci pour cette jolie liaison, Christiane! Mais l'était-elle?

Anonyme a dit…

Elle l'était !

katch a dit…

« Aide-moi maintenant, air noir et frais, cristal noir. Les légères feuilles bougent à peine, comme pensées d’enfants endormis. Je traverse la distance transparente, et c’est le temps même qui marche ainsi dans ce jardin, comme il marche plus haut de toit en toit, d’étoile en étoile, c’est la nuit même qui passe. »

Philippe Jaccottet, A la lumière d'hiver

Jalel El Gharbi a dit…

Je suis ravi que le poème de notre ami Edouardo Galhos suscitent autant de belles références Quirin, Christiane et Katch.

Anonyme a dit…

tenez jalel, j'ai retrouvé incidemment un poème d'il y a 2 ans qui devrait vous plaire:

PORTE D'ISHTAR

Porte d'Ishtar
Le soleil tue les sarments morts
Porte d'Ishtar
Une femme cambre les reins
D'un ancien jour

Bagdad est une ville solitaire
Quand les chars parcourent
Les rues de la poussière

Une aube d'acier liquide
Déverrouille les plastiques
Ensommeillées

Porte d'Ishtar
L'Arabe est une langue de feu
Dans les jardins suspendus

Porte d'Ishtar
Mémoire d'un alif de rêve
Pour les cristallines en fleurs

Jalel El Gharbi a dit…

@ Gmc : merci pour cette belle pensée pour Bagdad.
Amitiés

Anonyme a dit…
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