samedi 20 novembre 2010

L'imam Chafi'i الإمام الشافعي

Mausolée de l'imam Chafi'i au Caire
ما في المقـام لـذي عقـلٍ وذي أدبٍ مـن راحــة فــدع الأوطــان واغـتـرب
سـافـر تـجـد عـوضـاً عـمـن تـفـارقـه وانصب فإن لذيذ العيش فـي النصـب
إنــي رأيــت وقــوف الـمـاء يـفـسـده إن ساح طاب وإن لم يجـر لـم يطـب
والأسد لولا فراق الأرض ما افترست والسهم لولا فراق القوس لـم يصـب
والشمس لو وقفت في الفلك دائمة ً لملها النـاس مـن عجـم ومـن عـرب
والتبـر كالتـرب ملـقـى فــي أماكـنـه والعـود فـي أرضـه نـوع مـن الحطـب
فـــإن تـغــرب هـــذا عــــز مـطـلـبـه وإن تــغــرب ذاك عـــــز كـالــذهــب

L'imam Chafi'i né à Gaza en 766 et mort au Caire en 820 était aussi un poète raffiné et un fin lettré.

Il n’est nulle quiétude pour l’honnête homme à être sédentaire
Laisse donc ton pays et émigre.
Voyage tu pourras remplacer ceux que tu auras quittés
Et peine car la douceur de vivre est dans la peine.
Ne vois-tu pas que l’eau qui croupit s’avarie ;
Qu’à couler elle bonifie faute de quoi elle se dégrade
Ne vois-tu pas que si le lion ne quittait pas son territoire, il ne dévorerait rien
Que si la flèche ne laissait pas l’arc, elle n’atteindrait pas sa cible
Que si le soleil s’arrêtait pour toujours dans sa sphère
Tous les hommes, les nôtres et les autres, s’en lasseraient
Que dans sa contrée, l’or est répandu comme la poussière
Et dans son pays, l’Oud[1] n’est qu’une variété de bois
Quand le premier émigre, il devient si estimé
Et quand le second s’exile, il est aussi cher que l’or
[1] Aquilara Malaccensis
Traduction Jalel El Gharbi

15 commentaires:

giulio a dit…

Au-delà du voyage, de l'expatriation, de la "Sehnsucht" (souviens-toi, Jalel! Intraduisible en français)vers l'ailleurs, de l'exil volontaire, il y a la transgression.

Jalel El Gharbi a dit…

Cher Giulio, ce que je n'ai pas bien compris c'est ce glissement de sens de voyage vers quelque chose qui n'est pas sans rappeler la saudade portugaise
Je retiens le mot
Amitiés

Hafawa REBHI a dit…

Dans la vie, tout comme en littérature, tout est interférence. Des interférences qui superposent des esprits disparates, sur un même diapason, autour des mêmes idées… mais qu’est ce qui génère ces interférences : Les esprits des poètes qui, par magie ou par génie, comme des ondes infinies, transcendent le temps et l’espace, ou bien les idées, qui sont, par essence, universelles et « voyageuses » ?

Les esprits de Baudelaire, le saint des maudits, et de l’Imam Al-châfi'î, le juriste abbasside ingénieux, se sont-ils rencontrés quelque part dans l’au-delà pour débattre de l’Idée du Voyage, ou bien c’est l’idée qui les a sollicités ?

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
Baudelaire
ولكنّ المسافرين الحقيقيّين هم وحدهم أولئك الذين يسافرون
من أجل السفر ، بقلوبٍ خفيفة كالبالونات،
لا يتحوّلون أبداً عن أقدارهم،
ودون أن يعرفوا لماذا، يقولون دائماً: لنرحلُ!

أولئك الذين تشبه الغمامَ رغباتُهم،
الحالمون، كمثل مجنّد مدفعيّة،
بلذائذ شاسعة، متغيّرة، ومجهولة،
لم يعرف العقل البشري لها اسماً بعدُ!
بودلير

gmc a dit…

MOT DIT MAUDIT

Les esprits des poètes
Sont excessivement
Peu nombreux

Spécialisés dans l'alchimie
Ou la polymorphie
Ils courbent l'espace
Pour laisser respirer un temps
Qui n'est qu'une ombre
Dotée de mille parures

Un son ou une onde
Pas plus d'une étincelle
Nombreuse à l'excès

giulio a dit…

@ Hafawa : questions de sphinx platonicien(ne)que les vôtres! Voici une tentative de réponse par Giulio-Oedype-Alexandre façon noeud gordien :

les idées ne sont que fruit des esprits qui les ont conçues, esprits eux-mêmes corollaires de la chair, qui ne connaît de l'au-delà qu'abstraction, fantasme, création d'esprits, esprits qui se verraient d'ailleurs damnés par orgueil, si leur Au-delà rêvé existait, car ils se prenennt pour "je ne sais pas qui" et nient leur dépendance de la matière et de son infinie créativité. Le temps des idées sera le temps de l'espèce humaine : notre tout... mais rien de plus.

Splendides vers baudelairiens!

Jalel El Gharbi a dit…

Chers amis,
Peut-être est-ce parce qu'il y a très peu de choses à dire que les esprits se rencontrent. La chair est une, et l'esprit est un. Peut-être même qu'il n'y a qu'un seul esprit pour tous les poètes cher GMC
Amicalement

gmc a dit…

excessivement peu nombreux peut correspondre à un, jalel, n'est-ce pas? ^^

Jalel El Gharbi a dit…

Oui, cher GMC, tout à fait

Hafawa REBHI a dit…

« L'esprit est un. Peut-être même qu'il n'y a qu'un seul esprit pour tous les poètes. » Et si c’était vrai… si nous ne formions qu’une seule entité, une seule idée… si la vie n’était qu’une idée … si la vie ne durait que le temps d’une idée… nous nous prétendons avoir, voire « créer » des idées, certains d’entre nous se considèrent grands d’esprit… mais, à vrai dire, nous ne possédons rien, nous ne nous connaissons même pas… nous nous cherchons, à tâtons... nous ne sommes que des psychés hagardes, perplexes, infimes devant tant de vérités… nos idées et pensées, ne sont que de vaines réflexions devant la Mort, la plus vraie de toutes les vérités…

Jalel El Gharbi a dit…

J'ai plus d'une raison valable pour souscrire à ce que vous écrivez, chère Hafawa.

Hafawa REBHI a dit…

Désolée Jalel pour mon ton nihiliste :( c'est peut-être du à une légère dépression saisonnière ;)

Halagu a dit…

Très beau poème. Il est d'une fraîcheur étonnante. Je continu à penser que des imams aussi ouverts nous manquent terriblement...

Jalel El Gharbi a dit…

Hafawa, il n'y a pas de quoi être désolée
Halagu, je crois que des imams pareils existent mais ils n'occupent pas le devant de la scène.

giulio a dit…

Hafawa : seul existe la minusculité de la vie. La mort, par définition même non-existence, n'existe pas. Lisez svpl. mon article http://www.zlv.lu/spip/spip.php?article3873 (à ne pas mettre entre toutes les mains)

Unknown a dit…

Macha Allah