lundi 7 mai 2012

Avant de fermer les yeux
J'ai vu un poète qui m'a dit avoir vécu
Près de Damas et avoir écrit  une épître du pardon
Il m'a dit qu'il ne comprenait rien à ce que j'avais
Et qu'il ne me voyait même pas.


Prima di chiudere gli occhi
Ho visto un poeta che mi ha detto di aver vissuto
Vicino a Damasco e di aver scritto un’epistola del perdono
Mi ha detto che non capiva niente di cos' avevo
E che non mi vedeva nemmeno.
Traduzione di Pina Isopo

7 commentaires:

giulio a dit…

Fort hermétique, cher Jalel, surtout le 5e vers et notamment à "ce que j'avais" ...

comme chagrin ?
comme soucis ?
comme mal ou maladie ?
comme avoirs ?
comme qualités ?
comme défauts ?

Jalel El Gharbi a dit…

Cher Giulio, sur les 6 hypothèses que tu émets une seule est euphorique...
Mais il est vrai que le mot est ici peu clair, il tirera son sens du contexte où le mettra le recueil

Djawhar a dit…

Terrible, terrible le dernier vers qui lie la compréhension au regard.
Peut-être que Abu al-Ala al-Maari ne vous a pas vu parce que vous étiez allé jusqu’à lui les yeux ouverts ! Mon Dieu, nous faudrait-il être aveugle pour voir ?
Ce que vous voyez dans les mots, Monsieur El Gharbi, on n’est pas encore au stade de l’imaginer. Guidez-nous et amenez-nous au paradis de vos mots car, seuls, nous risquons de mourir de l’indifférence ou de l’ignorance du regard de notre temps !

giulio a dit…

Faut-il être aveugle pour voir chère Djawhahr ? La réponse est sans doute oui. L'humanité est toute faite de processions d'aveugles qui pensent trouver leur salut en suivant les premiers de chacune de leurs théories, celui qui, seul, possède un bâton... mais jamais la vérité qu'il affirme détenir. En effet,

"La vérité est soleil recouvert de ténèbres.
Elle n'a pas d'aube dans les yeux des humains..."

disait Maari... dont le profond pessimisme détonne quelque peu comme référence dans la poésie de notre Jalel.

v. aussi les tableaux de Breughel, ainsi que www.zlv.lu/spip/spip.php?article2262

Halagu a dit…

Cher Frère Giulio,
J'ai suivi la piste que tu as indiquée et je suis arrivé chez Aboul Alâa El-Maari. Je ne suis pas déçu. C'est très agréable de découvrir- ou redécouvrir- un personnage et son époque à travers une biographie qui n'a pas l'air d'une biographie... (en clair ''qui ne me prend la tête''!). J'étais très intéressé par le passage qui évoque les salons littéraires (les Académies) qui témoignent d'une activité littéraire et artistique très riche... Le salon du quartier Baîn as-Soûraîn m'a fait penser au café littéraire de Tunis, ''Taht Essour '' (''sous les remparts''. C'est troublant cette relation intime entre les remparts d'une ville et les intellectuels. Est-ce un hasard ?). Ce café a été créé entre les deux guerres et réunissait poètes, écrivains, musiciens..qui formaient le groupe d'intellectuels homonyme. Parmi eux il y avait le grand poète Abou Al-Kacem Chebbi, l'écrivain Ali Douggi et Tahar Haddad, un homme de génie qui fut sa vie durant le défenseur de l'émancipation de la femme tunisienne, et son œuvre inspira, en 1956, la rédaction et la promulgation du code du statut personnel . C'était sans doute, dans toute l'histoire de la Tunisie, l'époque la plus riche en création  et culturellement la plus passionnante. A noter pour l'anecdote, que Moncef Ben Salem, ministre actuel de l'Enseignement Supérieur, dans un entretien publié en 2006 par Nawaat (journal électronique tunisien), a traîné dans la boue le groupe Taht Essour et particulièrement le grand écrivain Ali Douaggi. Pour le nahdhaoui Ben Salem, ces intellectuels sont « des clochards, des ivrognes et des idiots ». Vu sa gestion de la crise de l'Université de la Manouba, on ne peut plus lui reprocher le mépris exprimé à l'égard des créateurs d'antan !

giulio a dit…

De grâce, cher Halagu, que le fait d’être spirituellement et intellectuellement ton frère ne me vaille pas l’appellation de Frère Giulio ! Il est vrai que sur le sommet de mon crâne ma chevelure n’a plus l’épaisseur de ma jeunesse, mais je n’en suis tout de même pas à vouloir me faire tonsurer. D’autre part, si l’on a déjà vu des moines devenir athées ou agnostiques, le contraire est fort rare. Quant aux cercles et cafés littéraires, au Luxembourg, il n’y a eu que de pauvres ballons d’essai lancés par quelques pseudo-idéalistes nombrilistes, qui se sont vite dégonflés dans l’ennui de lectures d’auteurs autogobistes ou inaudibles. Et j’aimerais te rappeler à ce propos l’intéressant débat « littéraire » que YasMenina, Jalel, toi et moi avons mené en juin 2010 sur le blog de Jalel, suite à son article « A quoi bon ? » du 23 juin 2010.
J’ai aussi participé un certain temps à un café littéraire assez couru à Thionville, mais c’était passablement infantile, paternaliste, atrocement provincial et ses promoteurs étaient surtout intéressés à collecter des sous pour leur ateliers et leurs pseudo-concours. Je doute d’ailleurs qu’il y ait encore des cercles et cafés littéraires de dignes de ce nom en Europe. O tempora ! O mores !

Halagu a dit…

Mais qu'est-ce qu'ils ont ceux-là à s'appeler Frères? En tout cas j'attendais ton commentaire...
Je remarque aussi que tu as une très bonne mémoire!