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jeudi 28 février 2013
Pour quoi sont les mortels ?
Pour quoi sont les mortels ? – Leur affaire est de connaître. Connaître ? Et qu’est-ce
que connaître ? – C’est assurément
n’être point ce que l’on est.
Si j'avais eu cet extrait à commenter au bac, je l'aurais sûrement évité pour ne ne pas me planter. Comme je ne suis pas au bac (et, hélas, pas littéraire) je donne mon avis pour le fun, sans risquer la note fatale. Je crois qu'il voulait dire - avec beaucoup de poésie- que la connaissance transforme continuellement l'état des êtres vivants... L'acte de connaissance est un processus qui a le pouvoir d'agir sur notre subjectivité. Toute information laisse sur nous son empreinte et nous métamorphose... Cette phrase de Valéry est, me semble-il, une apologie de la connaissance. Avec plus de profondeur que moi, Molière a fait dire justement, au Maître de philosophie de Monsieur Jourdain : ''sans la Science, la vie est presque une image de la mort''. Ici, la science est employée dans le sens issu de sa racine latine qui veut dire ''connaissance ou savoir ''. Et le brave Monsieur Jourdain a eu cette jolie réponse: '' Ah la belle chose, que de savoir quelque chose''. Je ne sais pas si Christiane sera convaincue par mon commentaire, mais je n'irai pas plus loin, j'ai déjà pris suffisamment de risque. Le clé est entre les mains de celui qui a posé le sujet!
Ton analyse me parait aussi pertinente que brillante, cher Halagu, et elle fait justice, à mon avis, d’une légère imprécision de Valéry quand il dit : « C’est assurément n’être point ce que l’on est. » et qui devrait peut-être se lire : « ’est assurément n’être point ce que l’on devient. »
Il est exact, comme l'écrit Molière, que « sans la science, la vie est presque une image de la mort », étant entendu que la science, ou besoin de connaissance, ou aspiration à la connaissance n’y est point quantifiable, n’y est pas état ou être, mais devenir (opposition nietzschéenne entre ''das Sein'' et ''das Werden'').
Valery aurait-il vraiment voulu dire « connaître » plutôt qu’ « apprendre à connaître » ou « rechercher la connaissance » ? Cela m’étonnerait.
Peu importe donc - je pense - la quantité de savoir atteinte ! Le désir de savoir (toujours davantage) est fin en soi et distingue les vivants des «zombis», de ceux qui n’ont soit aucun désir de connaissance et de ceux qui s’enferment dans des dogmes bornés et figés ne tolérant pas leur remise en question. Je me demande aussi, si ce n’est pas cela que Jalel voulait éclairer en nous offrant cet extrait.
Pour quoi sont les mortels ? – Leur affaire est de connaître. Connaître ? Et qu’est-ce que connaître ? – C’est assurément n’être point ce que l’on est. Paul Valéry L'Âme et la danse Chers amis, Ce qui m'a interpellé dans cette réflexion, c'est d'abord qu'elle dit la synonymie entre direction (pour quoi) et signification (pourquoi).S'agissant de l'être, le sens désigne tout à la fois l'orientation et la signification. i.e la signification induit une orientation, un cheminement. Oui, il s'agit plutôt d'une métamorphose que d'un devenir autre, ou alors (sans jeu de mots) être, c'est devenir soi-même, comme par la vertu d'une métamorphose. Seule la connaissance, celle qui pose des questions, toutes les questions peut offrir cette possibilité de métamorphose, d'un devenir autre qui signifie devenir soi-même. Aucune pensée, aucun système de pensée ne pourra nous épargner la question du pourquoi...
5 commentaires:
Je ne comprends pas bien la phrase mais la lettre accompagnée de ce croquis est très belle et intéressante. Document rare...
Si j'avais eu cet extrait à commenter au bac, je l'aurais sûrement évité pour ne ne pas me planter. Comme je ne suis pas au bac (et, hélas, pas littéraire) je donne mon avis pour le fun, sans risquer la note fatale.
Je crois qu'il voulait dire - avec beaucoup de poésie- que la connaissance transforme continuellement l'état des êtres vivants... L'acte de connaissance est un processus qui a le pouvoir d'agir sur notre subjectivité. Toute information laisse sur nous son empreinte et nous métamorphose... Cette phrase de Valéry est, me semble-il, une apologie de la connaissance.
Avec plus de profondeur que moi, Molière a fait dire justement, au Maître de philosophie de Monsieur Jourdain : ''sans la Science, la vie est presque une image de la mort''. Ici, la science est employée dans le sens issu de sa racine latine qui veut dire ''connaissance ou savoir ''. Et le brave Monsieur Jourdain a eu cette jolie réponse: '' Ah la belle chose, que de savoir quelque chose''.
Je ne sais pas si Christiane sera convaincue par mon commentaire, mais je n'irai pas plus loin, j'ai déjà pris suffisamment de risque. Le clé est entre les mains de celui qui a posé le sujet!
Ton analyse me parait aussi pertinente que brillante, cher Halagu, et elle fait justice, à mon avis, d’une légère imprécision de Valéry quand il dit : « C’est assurément n’être point ce que l’on est. » et qui devrait peut-être se lire : « ’est assurément n’être point ce que l’on devient. »
Il est exact, comme l'écrit Molière, que « sans la science, la vie est presque une image de la mort », étant entendu que la science, ou besoin de connaissance, ou aspiration à la connaissance n’y est point quantifiable, n’y est pas état ou être, mais devenir (opposition nietzschéenne entre ''das Sein'' et ''das Werden'').
Valery aurait-il vraiment voulu dire « connaître » plutôt qu’ « apprendre à connaître » ou « rechercher la connaissance » ? Cela m’étonnerait.
Peu importe donc - je pense - la quantité de savoir atteinte ! Le désir de savoir (toujours davantage) est fin en soi et distingue les vivants des «zombis», de ceux qui n’ont soit aucun désir de connaissance et de ceux qui s’enferment dans des dogmes bornés et figés ne tolérant pas leur remise en question. Je me demande aussi, si ce n’est pas cela que Jalel voulait éclairer en nous offrant cet extrait.
Pour quoi sont les mortels ? – Leur affaire est de connaître. Connaître ? Et qu’est-ce que connaître ? – C’est assurément n’être point ce que l’on est.
Paul Valéry L'Âme et la danse
Chers amis,
Ce qui m'a interpellé dans cette réflexion, c'est d'abord qu'elle dit la synonymie entre direction (pour quoi) et signification (pourquoi).S'agissant de l'être, le sens désigne tout à la fois l'orientation et la signification. i.e la signification induit une orientation, un cheminement.
Oui, il s'agit plutôt d'une métamorphose que d'un devenir autre, ou alors (sans jeu de mots) être, c'est devenir soi-même, comme par la vertu d'une métamorphose. Seule la connaissance, celle qui pose des questions, toutes les questions peut offrir cette possibilité de métamorphose, d'un devenir autre qui signifie devenir soi-même.
Aucune pensée, aucun système de pensée ne pourra nous épargner la question du pourquoi...
Oh, merci, Halagu et Giulio, Cela m'ouvre des horizons ...
Quant à Jalel, j'en connais qui ont de la chance de l'avoir comme professeur...
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