"Un Marché à La Haye, 1842, © Villa Vauban - Musée
d'Art de la ville de Luxembourg".
Une splendide exposition monographique attend aujourd’hui
votre visite au Musée d’art Villa Vauban, amis lecteurs. Vous pourrez y découvrir en effet les quatre
décades de création du grand peintre belgo-néerlandais Petrus van Schendel. Le titre (et thème) de l’exposition épouse
d’ailleurs fort à propos la majorité des oeuvres présentées, que caractérise
une approche intimiste et romantique de sujets surtout populaires: scènes
citadines (places peuplées, marchés, étals) et scènes d’intérieur, ses
portraits étant, eux, surtout bourgeois. Ce qui est phénoménal, chez van Schendel,
c’est l’incroyable densité de ses tableaux frémissants de vie, qu’une ou
plusieurs sources de lumière relativement faibles animent en profondeur de
manière quasi-confidentielle. L’un des
derniers grands maîtres du clair-obscur, il est en cela le digne héritier du Caravage (1571-1610), de Georges de La Tour (1593-1652), de Rembrandt
van Rijn (1606-1669), bien sûr des Caravagesques et notamment
des ceux d’Utrecht comme Hendrick Ter Brugghen et Gerrit
Van Hontorst (1592-1656).(1)
Deux siècles séparent pourtant l’époque de ces
grands peintres d’un Petrus van
Schendel, né à Terheijden
dans le Noord-Brabant (P.B.) en 1806 et mort à Bruxelles en 1870, dont on nous permet aujourd’hui d’apprécier l’oeuvre d’une paisible et
envoûtante beauté. Quel bond immense depuis
la Renaissance
et un Caravagisme où il semble s’être ressourcé, par-dessus le Maniérisme, le
Baroque, le Rococo et le Néoclassicisme jusqu’à l’Académisme auquel il sacrifie
peu et l’espace d’art romantique du XVIIIe, où il s’affirmera en
force! Certes, sa carrière sera aussi jalonnée
de portraits, le plus souvent de commande, qui, en dépit de l’acribie et de la
précision de leur exécution, sont davantage oeuvres de talent que de génie. Loin de manquer d’intérêt, ils ne
m’enthousiasment toutefois pas vraiment. Souvent
psychologiquement attachants, mais trop léchés, finement travaillés, presque aussi
néoclassiques que romantiques, ils semblent refléter le caractère des modèles,
voire leur émotion, mais n’en suscitent que peu chez le spectateur.
En fait, l’originalité, la force de van
Schendel réside (je cite le Musée) dans «son talent particulier (... pour) la peinture de scènes nocturnes éclairées
par la lumière de lampes ou de chandelles.
Plus tard viendront s'y ajouter d'autres sources de lumière artificielle
et naturelle, telles que les lampes à huile, les feux ouverts, les becs de gaz,
les feux de Bengale (...) et le clair de lune (...) C'est vers 1830, à Amsterdam, que van
Schendel peint son premier tableau représentant un marché à la lumière des
chandelles – une invention romantique de l'artiste qui ne correspondait pas à
une réalité, mais qui lui valut une très grande réputation (...) En 1838, après des premières expositions à
l'étranger, il s'installe à La Haie
où (... il) réussit à pénétrer les
marchés de l'art étrangers et vend plusieurs tableaux à des collections royales
européennes. Au cours des années 1840, il se voit décerner plusieurs médailles
lors d'expositions et salons (...),
notamment à Paris, à Bruxelles et à Manchester. En 1845, il avait quitté La Haie pour la capitale belge.
Son atelier à Schaerbeek recevait beaucoup de visiteurs, tels des
collectionneurs, des membres de la famille royale et des marchands d'art
importants. L'œuvre maîtresse de van Schendel de très grand format, «La Naissance
du Christ», réalisée en 1858, attirait un grand nombre d'amateurs vers son
atelier et connut ensuite un énorme succès en Angleterre.»
Giulio-Enrico Pisani
Lux. 26 Mars 2013
(1) On lit dans
Wikipedia du peintre Van Hontorst, qu’il «excella dans
les scènes nocturnes éclairées par la lumière d’une chandelle et exécutées de
manière lisse», ce qui définit assez exactement le style de van Schendel.
(2) ~ 1770 - 1870
(3) Texte complet sur
www.villavauban.lu/Les+Couleurs+de+la+nuit-p-246.html
4 commentaires:
Ce qui est inouï, Giulio, c'est ce temps que vous passez devant toutes ces toiles que vous aimez. On vous sent attentif, immobile. Puis avec vos mots vous partagez ce ravissement. c'est un grand privilège pour nous, lecteurs.
Il est vrai, Christiane, que je m'attarde trop devant certaines oeuvres, ce qui m’en fait souvent, faute de temps, de patience et de force des jambes), survoler ou manquer bien d'autres. Et c'est aussi pour cela que, ayant visité maintes et maintes fois Les Offices, le Louvre et la National Gallery, je n'en retiens (mémoire passoire aidant) que des fragments. Heureusement qu'aujourd'hui on a Internet pour se ressourcer et, d'autre part, pour mes articles d'expos, les photos que je vole en passant (un peu comme les baisers dans ma jeunesse) ou celles que je reçois par les galeristes ou les autorités des musées (c'est le cas cette fois). Il y a donc moins de l'inouï, chère Christiane, qu'une faiblesse, qui, sans être déraisonnable n'a rien de raisonné, pour le beau et pour en écrire.
Bonjour.
En faisant une recherche à propos d'un tableau de Petrus Van Schendel, voila que je me rend compte que vous parlez de ce tableau.
Du coup, je suis dans le doute.
Comment savoir si celui ci est un original ??
C'est une huile sur bois.
Et le sujet , en est une marchande de poissons avec bougie et clair de lune.
Voila . Si vous pouvez m'aider, a authentifier ce tableau,je sortirais d'un doute terrible.
Merci.
Comment pourrai-je vous aider, Francis ? Je genre d'authentification est affaire grzands spécialistes, et je ne suis qu'un simple correspondant de presse. Tout ce que je peux vous dire, c'est que cette exposition fit suite à celle du musée de Breda aux Pays Bas, dont proviennent les tableaux. Peut-être pourront-ils vous renseigner. Voir sub www.breda-museum.org/120. Coordonnées :
Breda's Museum
Chassépark Breda
Parade 12-14, 4811 DZ Breda
Postbus 1173, 4801 BD Breda
Nederland
Tel: 076 - 529 93 00
Fax: 076 - 529 93 11
info@breda-museum.nl
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