mardi 28 mai 2013

En relisant Nathalie Sarraute

ah ces romantiques, ah ces rêveurs incorrigibles... ils aiment se perdre dans les nuées... fouler les prairies fleuries... respirer l'air exaltant des cimes... Watteau... voyez-vous ça... que ne vont-ils pas chercher ? Quelles grâces... quelles hauteurs, quelles profondeurs... détresses métaphysiques, désarrois de bon aloi... laissez-nous rire... Ah c'est bien triste, n'est-ce pas, c'est désolant d'être arraché à tout cela, d'être ramené ici en bas, près de nous, dans la mesquine réalité, dans l'humble vérité. Mais que voulez-vous, il faut en prendre son parti : elle est la plus forte. Tôt ou tard, quoi qu'on fasse, il n'y a pas moyen de lui échapper ...
Non. Attendez. Il y a quelque chose là qui ne tient pas. Je ne sais pas très bien ce que c'est... mais je sens qu'il y a là quelque chose de faux...quelque chose de délibérément faussé. On se joue de moi... Mais où suis-je donc tombé ? Parmi quelles gens ? Dans quel tripot ? 

lundi 27 mai 2013

La Vie d'Adèle de Abdellatif Kechiche remporte la Palme d'or à Cannes



Voici comment notre amie Christiane Parrat a salué la consécration de Abdellatif Kechiche :

Abdellatif Kechiche cet acteur autrefois confiné dans de petits rôles, d'origine modeste, qui est passé derrière la caméra, devenant un grand directeur d'acteurs et un réalisateur important du cinéma français dans ses trois premiers films : « La Faute à Voltaire », « L’Esquive » et « La Graine et le mulet ». Il fait exploser la vie à l’écran avec beaucoup d'humanité. Un Lion d’or de la meilleure première œuvre à Venise pour « La Faute à Voltaire » (2000), cinq Césars (dont le meilleur film français de l’année 2005) pour les deux autres films. Deux fois, ses œuvres ont permis aux jeunes actrices principales de décrocher le César du meilleur espoir féminin (Sarah Forestier pour « L’Esquive » et Hafsia Herzi pour « La Graine et le mulet »), cette année Adèle Exarchopoulos (nouveau talent ?) Il faudra patienter jusqu'en octobre pour découvrir ce film. Lui, il reste humble et solitaire. (Un défaut peut-être : la longueur excessive de ces films...)
Quant à Béatrice Bejo (palme d'or de la meilleure actrice) et Tahar Rahim, ils sont époustouflants de vérité dans ce beau film d'Asghar Farhadi que j'ai vu hier, "Le passé".
Un autre très grand film qui sort cette semaine (vu avant-hier) "La grande Bellezza" de P. Sorrentino avec cet acteur si fin, Toni Servillo. Celui-ci, je ne suis pas prête à l'oublier.
Ah, ce bonheur du cinéma !

dimanche 26 mai 2013

Ces américains qui me sont si proches

Hier soir à la TV.
Il croit qu'il est de bon ton de s'en prendre aux USA sans nuance aucune. 
Le journaliste ne semble pas autrement offusqué par cet antiaméricanisme primaire. 
Je les trouve aussi lamentables l'un que l'autre, le salafiste et le journaleux.  S'en prendre de la sorte au pays   de Herman Melville et d'Edouard Hopper, ne pas réagir à ce discours dicté par la haine voilà qui m'est incompréhensible. 
Il est vrai que les idoles de ce cheikh ont fait pire le 11 septembre.

vendredi 24 mai 2013

Tony Masschelein, par Giulio-Enrico Pisani


Giulio-Enrico Pisani dans Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek (www.zlv.lu > Kultur), Luxembourg 22 mai 2013


Tony Masschelein,
ou
le fabuleux périple de Cardon à Goya via Zao Wou-Ki

Représentez-vous donc une étoile surgie de la nébuleuse où gravitaient les Eugène Lampsonius et autres Jacques-Armand Cardon entrer en orbite autour de la supernova Zao Wou-Ki et, accélérée par sa force de gravitation, poursuivre sa trajectoire pour aller flirter avec la galaxie des Francisco Goya et des Ivan Aïvazovski.  Imaginez ensuite cette étoile être celle d’un peintre français et plus précisément normand venu exp(l)oser son immense talent au Luxembourg.  Eh bien, il ne faudra pas vous contenter de l’imaginer, amis lecteurs, ce nouvel astre d’une brillance extraordinaire.  En effet, la Paris.New-York Art Gallery[1] vous le présente aujourd’hui, cet artiste exceptionnel, sans doute le plus remarquable que la galerie ait accueilli depuis sa fondation.  Tout à la fois peintre, dessinateur et, depuis peu, sculpteur, Tony Masschelein est né en 1973 à Roubaix.  Son parcours, que vous pouvez lire en entier sur son site www.tonymasschelein.com/, est essentiel pour la compréhension de son oeuvre, aussi vous en fais-je partager ci-dessous, avant d’aborder sa présente exposition, de larges extraits à peine retouchés.

«Très tôt passionné par les arts visuels, il recopie dès l'âge de 5 ans des bandes dessinées, puis s'initie au dessin en garnissant ses cahiers de collège des portraits de ses professeurs et de ses premiers graffitis. À 15 ans il découvre, ébloui, la peinture au Musée de Roubaix. Cette rencontre déterminante l'encourage dans sa voie artistique. À 17 ans il conçoit études et maquettes pour une imprimerie et réalise une fresque murale pour la mairie. Poussé par le besoin de rencontrer d'autres cultures, il voyage à travers le monde et amorce son parcours spirituel lors de longs séjours en Asie. Une quinzaine d'années durant, il dessine surtout des visages en travaillant comme portraitiste et installe à 30 ans son atelier à Roubaix. Début 2006 la spiritualité orientale lui ouvre les portes de la peinture de Zao Wou-Ki et des ses abstractions atmosphériques. Il délaisse alors le formel au profit d'un univers abstrait et développe une peinture fougueuse d’une grande musicalité qui s’ouvre sur un monde stellaire. Couleurs et lumière y fêtent leurs noces en un chant de joie qui éclate sur ses toiles. Mais sa quête permanente et l’exploration des mystères de l'abstraction le ramènent à vouloir mettre un visage sur ses émotions (et non l'inverse) et à réduire la distance entre peinture et spectateur. Les couleurs parfois éclatantes cèdent ci et là aux tonalités mouvantes, aux surfaces nébuleuses chargées de matière d'où émergent des visages humains. Notamment dans une série de fusains, des portraits aux yeux noircis ouvrent une fenêtre vers un espace à la fois intérieur et universel...».

Tout cela n’explique bien entendu nullement la fascination qui saisit aujourd’hui d’emblée le visiteur qui pénètre au 26, rue du Curé à Luxembourg centre, dans la galerie Paris.New-York.  Tony Masschelein, ce remarquable portraitiste, qui en 2000 pratiquait son art dans les rues de Paris et de Florence, nous y propose d’émouvants portraits de femme, ici sereins, ailleurs tourmentés, qui nous regardent depuis les toiles qui leur donnent vie.  De splendides nus nous attirent de leur réalisme fugace, tout à la fois classiquement discret et subtilement provocant.  D’autres nus ne parviennent pas à vraiment l’être.  Ils semblent, tels des joyaux qui voudraient exploser leur gangue minérale, peiner à s’arracher à une abstraction qui à l’air de se défendre bec et ongles contre la nouvelle orientation de l’artiste.  D’aucuns y parviennent, y gagnent en luminosité et gratifient l’oeuvre d’une dramaturgie plus charnelle.  Ailleurs, où la puissance de l’idée pure, abstraite, semble refuser de lâcher sa proie, donc de la rendre au monde du figuratif, toute l’imagerie apparaît comme suspendue à une transcendance sans retour digne des grandes tragédies grecques.  Le revers de ce cheminement pourrait être le côté sombre, pas vraiment optimiste d’une peinture qui ne veut ni «faire joli», ni être gnangnan, ni paraître, pour ainsi dire, «graphicopolitiquement» correcte.  Le travail de Masschelein s’apparente, dans le fond (non dans la forme), aux tourments des Ensor, Kubin, Munch, et Meese, voire de certains ténébristes.[2]  On y est loin d’un art neutre, clair, impersonnel, passe-partout, apprécié, voire sponsorisé pas ceux qui nous leurrent d’eau de rose et nous distraient des lendemains de luttes et d’affrontements, où la lumière devra toujours et encore être arrachée aux ténèbres.  Mais c’est là un aspect ne pouvant déranger que ceux qui aiment à être dupés.

Le fil d’Ariane, le commun dénominateur, c'est-à-dire l’esprit qui nous conduit tout au long des trente et une étapes de cette extraordinaire exposition de dix-neuf huiles sur toile, six dessins au fusain et six sculptures d’argile, ne saurait être défini en un mot.  Il y a la beauté, certes, mais surtout et, sauf exception, le mouvement, la puissance et la passion chères aux romantiques, la fureur parfois, voire le tragique, la grandeur toujours.  L’exception, c’est «Visage d’ailleurs», huile dont la paisible sérénité ne semble exister que pour montrer le possible à l’artiste, ce à quoi il aspire peut-être, mais a du mal à atteindre, ce beau visage restant, justement, «... d’ailleurs».  Et ailleurs, en effet, tout dans cette expo est élan, tension, tourmente, comme dans «Luminiscience», autre visage, mais débordant de tension sensuelle.  Notez cependant que le fait de se situer, pour ainsi dire, hors série, n’empêche nullement «Visage d’ailleurs» d’être l’un des sommets de l’exposition, au même titre que le tableau «Symphonie» ou la sculpture «La lutte». 
Et, justement, la sculpture – sa production n’étant pour l’heure pas assez importante il ne la mentionne pas encore sur son site –, l’artiste ne s’y est mis, à très petite échelle, qu’en 2005, à l’époque de ses premières expositions de peinture.  Les statuettes exposées à la galerie sont de 2012 et 2013 et témoignent d’un talent extraordinaire, qui rappelle le génie d’Edgar Degas,[3] le côté tragique d’un Rodin en sus.  De plus, autant pour sa peinture que pour sa statuaire, je mentionnerai exceptionnellement que ce génial artiste, loin d’avoir atteint la renommée et la cote qu’il mérite, propose ses oeuvres au coût de son travail et de ses frais.  Ses prix sont en effet (pour l’heure) encore dérisoires, comparés à ce qui se pratique pour des oeuvres de qualité comparable et d’un talent ne fût-ce qu’approchant.  Ne ratez donc en aucun cas cette merveille, amis lecteurs!  Vous-vous priveriez d’un plaisir rare.

Giulio-Enrico Pisani



[1]  Paris.New-York Art Gallery, 26, rue du Curé, à Luxembourg ville, près du passage entre place d’Armes et place Guillaume. Expo Tony Masschelein mardi à samedi de 12 à 18,30 h, jusqu’au 10 juin.
[2]  Style de peinture où les plages peu éclairées dominent, tout en formant d’intenses contrastes avec les zones lumineuses. Il connut son apogée vers la fin du 16ème et au 17ème, notamment avec les caravagesques.
[3]  Peintre impressionniste célèbre, Edgar Degas créa aussi (selon Jacques Henric, Art Press) «d’admirables sculptures (...) Oeuvres égales en valeur aux plus belles toiles du peintre, elles rivalisent d’élégance, de grâce, de puissance, avec les créations d’un Rodin...». 

jeudi 23 mai 2013

A ne pas rater sur France 3




ولولا دفاع الله الناس بعضهم ببعض لهدمت صوامع وبيع وصلوات ومساجد يذكر فيها اسم الله كثيرا ولينصرن الله من ينصره إن الله لقوي عزيز 

Si Dieu n'eût repoussé une partie des hommes par les autres, les monastères, les églises, les synagogues et les oratoires des musulmans où le nom de Dieu est invoqué sans cesse auraient été détruits(Coran XXII; 40) Traduction Kazimirski

Mémorial consacré au sept martyrs de Tibhirine  sauvagement assassinés par "des mains sacrilèges" en mars 1996.
France 3 leur consacre une soirée spéciale jeudi 23.

mercredi 22 mai 2013

Workshop en toilette mortuaire à Kairouan

Un ulméa saoudien se trouve à Kairouan depuis le 15. Abess Ben Jamel est invité par une association caritative pour assurer des formations en toilette mortuaire. Des workshop en cette discipline assurés par une telle  sommité internationale à la science infuse ne peuvent que nous aider sur la voix du savoir.
العلامة وحيد عصره الخبير في غسل الموتى عباس بن جمال في القيروان

lundi 20 mai 2013

Les wahabbites et les acharites de la Zeitouna, en deux mots.


La Zeitouna, université de Tunis, a toujours été un bastillon de l'école Acharite, initiée par Abou Hassan Al Ash'ari 874-936 qui est fortement imprégné par les Mo'tazalites. Il ne s'en démarqua qu'après quarante ans.
Maître en kalâm (dialectique, argumentation rationnelle fortement influencée par la philosophie grecque), abou Hassan était un brillant controversiste.
Au XIIIeme siècle Ibn Taymia, la référence majeure du wahhabisme, écrit plusieurs "réfutations" de l'ach'arisme.
La polémique qui oppose l'esprit zeitounien et l'esprit wahabite trouve ses origines dans cette divergence.
La "scolastique" musulmane ne pouvait que déplaire à Ibn Taymia.
L'ach'arisme fut adopté à Kairouan et les plus grands ulémas d'Ifriquia furent des acharites (depuis l'immam Sahnoun, l'imam Ibn Arafa, jusqu'à Tahar Ibn Achour, auteur de l'incontournable exégèse que l'on ne présente plus).
En 1810, Mohamed Ibn Abdelwaheb - fondateur de l'hérésie wahabite- écrivit une lettre arrogante à Hammouda Pacha, bey de Tunis. Le Bey transmit la lettre aux savants de la Zeitouna. Il y eut deux réponses : un ouvrage de Cheikh Temimi, aujourd'hui introuvable à Tunis !!! dont je traduirais le titre ainsi : De la grâce divine dans la réfutation des dévoiements wahabites. Il y eut également une lettre magistrale, celle de Abu Al Fadhel Kacem Mahjoub. La lettre du wahabite et celle du savant tunisien se trouvent dans l'ouvrage du grand historien tunisien Ibn Abi Dhiaf (1804-1874). Le commentaire donné par l'historien est magistral.
L'acharisme favorisa les sciences du langage, le goût de l'étude, de l'ouverture d'esprit, du rationalisme.
Le wahabisme a cultivé un dépouillement général et le culte des Anciens. Parmi leurs réalisations on compte : le niqab, la destruction des statues de Bamiyan, la fermeture de toutes les salles de cinéma au Cashmir. Politiquement, ils prônent l'obéissance totale à l'émir.


vendredi 17 mai 2013

Noirs nuages sur la Tunisie...

Voici un article de notre ami Djamel Benchenouf sur la situation en Tunisie :


Noirs nuages sur la Tunisie ...



Les djihadistes du mouvement "Ancar chariâ", ont décidé de maintenir le rassemblement de leurs troupes à Kairouan, pour la journée de dimanche prochain, malgré l'interdiction formelle du gouvernement tunisien. 
Les organisateurs disent attendre la participation de 40 000 personnes, qui viendront de tout le pays.
C'est un tournant très grave, susceptible de mettre le feu aux poudres.
L'intransigeance de ces extrémistes semble ne pas avoir de limites. Comme s'ils cherchaient à provoquer l'irréparable. Ils chercheraient à impliquer l'armée tunisienne dans ce douloureux processus qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. 
Cette belle et chaude nation, dont les citoyens se sont toujours distingués par leur modération, aurait pu, et peut encore, nous montrer que les révolutions peuvent être belles, porteuses de renouveau. 
Pourquoi a-t-il fallu que ces djihadistes s'engouffrent ainsi au cœur de la moisson, pour la détruire, et gâcher le bonheur de millions de gens qui attendaient de pouvoir enfin cueillir les fruits de la liberté et de la dignité ? 
Ces intégristes hystériques se sont auto-proclamés représentants de Dieu sur terre, et ne craignent pas de s'arroger le droit de censurer les mœurs. Sans demander l'avis de qui que ce soit !  Ils ne reculent devant rien, et disent qu'ils n'hésiteront pas à recourir à la force, "pour se défendre". En fait, ils disent qu'ils instaureront, de gré ou de force, un Etat religieux. Ils ne comprendront pas que la nation tunisienne puisse ne pas plier devant leurs exigences insensées. 
Les Tunisiens ne méritaient pas cela. Ils avaient réussi à chasser le régime prédateur qui avait fait main basse sur leur vie. Ils pensaient pouvoir enfin recouvrer leur droit de décider de leur destin, et goûter aux délices d'une vraie démocratie. Mais c'était compter sans les forces noires, tapies à l'ombre de la vie, mortifères par essence. 
Ne désespérons pas de nos frères tunisiens ! Continuons à croire en les Tunisiens, malgré cet avis de tempête ! Leur joie de vivre, et leur vivacité naturelle auront raison de tous les oiseaux de malheur.
D.Benchenouf


jeudi 16 mai 2013

Du niqab encore une fois

Le parquet vient d'interjeter appel dans l'affaire du Doyen de la Faculté de La Manouba que le tribunal a acquitté le 2 mai à la fin du procès qui l'opposait à deux étudiantes en niqab.
Cette mesure est de nature politique et elle coïncide avec le discours de Mr Marzouki, président provisoire, qui vient de déclarer : «Je ne peux pas comprendre et je n'accepte pas que l'on puisse empêcher les étudiantes de passer leurs examens en niqab».
Juste un mot : Marzouki ou pas Marzouki, pas de niqab dans les salles de cours ni dans les salles d'examen pour une raison toute simple : pour nous, le visage de la femme n'est pas une partie honteuse.

mardi 14 mai 2013

Qui est donc cette marquise ?

Qui est donc cette marquise que Fromentin évoque en ces termes : "On cite une marquise du commencement de ce siècle, qui prétendait qu'en le voulant bien on pouvait s'empêcher de mourir." Serait-elle "morte d'une distraction", comme il dit avant de conclure "Qui sait même si le bonheur n'est pas en grande partie dans la volonté d'être heureux."
Charles-André Van Lou (Nice 1705-1765 Paris) Portrait de femme, dit "La Marquise de Pompadour" en buste dans un ovale peint.

dimanche 12 mai 2013

Chagall, témoin entre guerre et paix au Musée du Luxembourg



 Par Giulio-Enrico Pisani
Zeitung  vum Lëtzbuerger  Vollek

Permettez-moi, amis lecteurs, de vous amener cette fois à Paris, afin de vous faire participer à une découverte exceptionnelle, que j’ai faite il y a un bout de temps, mais que je n’ai pas encore eu le loisir de vous rapporter.  La journée a commencé par mon arrivée par le TGV de midi à la Gare de l’Est.  Ensuite déjeuner dans une brasserie du Bd de Strasbourg, promenade digestive tout le long du Bd Sébastopol jusqu’à la Seine, traversée de l’Île de la Cité, Rive gauche et Bd St Michel, hôtel, installation et exploration des environs.  C’est qu’il me restait encore trois bonnes heures avant le vernissage de Carole Melmoux, c'est-à-dire de ses tableaux qui ont servi à illustrer le livre récemment coécrit par Jalel El Gharbi et moi-même.[1]  Et comment mieux passer l’après-midi qu’en découvrant le jardin du Luxembourg tout proche, à mi chemin entre mon hôtel et la galerie?[2]  C’est un beau parc, en dépit des bourgeons pas encore débourrés de ses arbres et buissons, dont un printemps avare de tiédeur prolongeait le sommeil.  Mais déjà, comme pour encourager leur éclosion, un groupe de jeunes profitait des premiers rayons de soleil pour y donner un charmant concert devant une foule ravie.

Ce n’est toutefois qu’après avoir quitté ce havre de paix au milieu de la cohue parisienne, que je découvris les affiches du Musée du Luxembourg,[3] accrochées aux grilles du parc, qui annonçaient l’exposition «Chagall entre guerre et paix».  Il est vrai que Marc Chagall, que j’admire pourtant beaucoup, n’était pas à priori de mes peintres préférés.  Cependant, la force de son témoignage de plus de trois quarts de siècle de guerres et de tourmentes révolutionnaires, mais aussi de sa propre paix «provençale» tardive, témoignages portés par son impressionnante symbolique et la puissance de son imagerie narrative, m’émut profondément.  Aussi, allais-je enfin comprendre pourquoi ce témoin de l’histoire de trois générations est devenu incontournable dans le paysage pictural européen du 20ème siècle.  L’exposition «Chagall entre guerre et paix» peut encore être visitée au Musée du Luxembourg jusqu’au 21 juillet.  En attendant (et en espérant) que vous ayez l’occasion de vous y rendre, voici, avec de minimes modifications, quelques extraits de l’excellente présentation que nous en offre le musée, et dont vous pourrez consulter la version originale sur le site www.museeduluxembourg.fr/fr/expositions/p_exposition-18/:

«Né en 1887 à Liozna, près de Vitebsk en Biélorussie – à l'époque Empire russe –, Moïshe Zakharovitch Chagalov (il prendra le nom de Marc Chagall en France) meurt en 1985. Il a traversé le XXe siècle, connu une révolution, deux guerres et l’exil. Autant d’expériences qui sont venues renouveler son approche artistique, se conjuguant aux grands thèmes fondateurs qu’il revisite inlassablement: sa ville natale de Vitebsk, la tradition juive, la Bible, le couple, la famille et le cirque. Le XXe siècle a, pour une large part, refoulé l’allégorie et le narratif dans les oeuvres d’art. Et c’est parce que Chagall a su s’affranchir des règles et des codes, voire des diktats, de la pensée moderniste tout en s’en nourrissant, qu’il a pu rester figuratif et témoigner de son temps. Il emprunte aux mouvements d’avant-garde (cubisme, suprématisme, surréalisme), semble parfois s’en rapprocher, mais demeure indépendant. Réunissant une centaine d’oeuvres, l’exposition éclaire la singularité avec laquelle Chagall aborde les représentations de guerre et celles de paix.  S’ouvrant sur la Première Guerre mondiale, elle s’attache à illustrer les moments-clés de la vie et de l’oeuvre de Chagall, de la Russie en temps de guerre à l’après-guerre dans le sud de la France.

À Vitebsk, pendant la première guerre, Chagall rend compte d’une réalité brute, des mouvements de troupes, des soldats blessés, des populations juives chassées de leurs villages; il s’attache aussi à représenter l’environnement de son enfance, dont il semble pressentir la disparition, et son bonheur conjugal. En 1922, il quitte la Russie et s’installe à Paris en 1923, où il se consacre à l’illustration de différents livres, dont la bible. Son séjour est également marqué par des peintures oniriques où figurent des personnages hybrides caractéristiques de l’imaginaire chagallien et par de nombreuses images du couple, son motif central. Devant la montée du nazisme, il quitte la France pour les États-unis et continue à témoigner des ravages de la guerre. La barbarie qui dévaste l’Europe se mélange aux souvenirs des pogroms, et le thème de la crucifixion, symbole universel de la souffrance humaine, s’impose à lui. Son oeuvre reflète également sa volonté de retrouver l’essentiel, ses racines et son bonheur familial, endeuillé par la disparition de sa femme Bella[4] en 1944. L’installation de Chagall à Vence après la guerre entraîne une modification notable de sa façon de peindre, comme des thèmes abordés. Si certaines peintures restent empreintes d’une tonalité sombre, il s’efforce de sublimer le passé et parvient peu à peu à une plus grande liberté. Avec le temps qui passe, les couleurs des paysages méditerranéens envahissent progressivement ses oeuvres. Cette sérénité est à son apogée dans «La Danse», véritable hymne à la joie qui reprend une nouvelle fois les principales figures de l’univers chagallien. La curiosité de Chagall pour l’art de son temps et la liberté qu’il s’est toujours donnée lui ont permis de construire un univers pictural profondément singulier – reflet autant du monde contemporain que de ses propres émotions.»

L’enchantement que je pus vivre durant ma rencontre avec cet artiste universel, bien plus présent devant moi grâce à son oeuvre, que si je l’avais rencontré en chair et en os dans les allées du Luxembourg, mon enchantement donc, est difficile à décrire.  En parcourant les salles du musée, je parvins enfin à pénétrer et à comprendre, du moins en partie, l’esprit et la générosité de Marc Chagall à travers le chaleureux message d’amour et de fraternité qu’il nous lance, l’air de rien, bien au-delà des vicissitudes et des espoirs du vingtième siècle.  Quant à savoir dans quelle mesure sa peinture reflète réellement sa philosophie existentielle, il n’y a pas le moindre doute: son art en est absolument tributaire.  Tout son travail – ses idées, dessins et couleurs jaillissant des tréfonds de son enfer personnel vers la lumière du pardon – est le fruit de ses traumatismes, du ressenti de sa pensée et de ses convictions.  Et c’est fort à propos que me vient à l’esprit son constat: «C'est toute une vie qui s'identifie à mon travail».  Mais j’évoquerai également son plus beau message, celui qui lui aura enfin permis de maîtriser les tourments de son passé: «Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir».

Il faut tout de même rappeler, que le parcours artistique de Marc Chagall ne se limite pas à la peinture, à cette peinture dont l’exposition au Palais du Luxembourg nous offre, il est vrai, un fabuleux panorama, mais thématique et, partant, limité?  Au cours de ses quatre-vingts ans d’activité artistique il a en effet réalisé d’innombrables tableaux, dessins, estampes, sculptures et céramiques, conçu des costumes et des mises en scène pour le théâtre et le ballet pour lesquels il a peint de nombreux décors.  Vers la fin de sa vie, sa soif de lumière l'amène à se consacrer de plus en plus à la création de vitraux: jusque là personne ne les a encore vu dispenser la magie de leurs feux sans en être touché et ébloui.  Je pense notamment aux trois vitraux illustrant La création du monde dans l'auditorium du Musée national Marc Chagall de Nice, aux trois verrières destinées à la chapelle d'axe de la cathédrale de Reims, à la série de vitraux et la rosace pour le choeur du Fraumünster à Zürich et à bien d’autres réalisations lumineuses.  Mais voilà qui risque de m’entraîner bien plus loin que Paris et l’exposition «Chagall entre guerre et paix», présentation dont il faudra que je me contente cette fois.


[1]  Des Passantes et des Passants, Désirer, être désiré(e), essai poétique et poéticien de Jalel El Gharbi et Giulio-Enrico Pisani, illustré par Carole Melmoux, 200 p., Éditions Op der Lay, Esch/Sûre.

[2]  La Galerie Feuillantine se trouve 17 rue des Feuillantines 75005 Paris, rive gauche, à dix minutes à pied du Luxembourg.  Site http://galerie-feuillantine.com/

[3]  Musée du Luxembourg: 19 Rue de Vaugirard, 75006 Paris (rive gauche), métro Luxembourg; ouvert tous les jours de 10h à 19h30 et le dimanche de 9h à 20h; nocturne lundi et vendredi jusqu’à 22h., expo «Chagall entre guerre et paix» jusqu’au 21.7.2012

[4]  Bella Rosenfeld Chagall, écrivaine et modèle de plusieurs de ses oeuvres. (Wikipedia)

samedi 4 mai 2013

Sous le jasmin à Ibn Rachiq

Le photographe Augustin Le Gall expose ses oeuvres à la maison de la culture Ibn Rachiq à Tunis. Cette exposition intitulée Sous le jasmin  aura lieu du 8 mai au 26 juin. Ell est organisée dans le cadre de la célébration de la journée nationale contre la torture avec la collaboration de l'OMCT (Organisation Mondiale Contre la Torture).

vendredi 3 mai 2013

كلمة الى محمد حسان

لقد أثقلت علينا و أحرجتنا  إذ لبيت دعوة من تعلم أن جهلهم يظاهي جهلك وتجشمت عناء السفر وحسبت أن من رفضك غر وتجاهلت نداء علماء الزيتونة إذ دعوك ألا تثير الفتن في بلد يعيش بعرق أبنائه و على حبهم للمعرفة لا ينصبون محاكم تفتيش ولا  يفرقون بين الذكر والأنثى من أبنائهم ولا يبتغون إلا رقي بلادهم فبالله عليك اقطع زيارتك واكفنا 
  شرما أبطنت ودعنا وشأننا وارحل غير مأسوف عليك         
ودعك مما أنت فيه وتفكر كلام ربك الغفور وخذ بأسباب المعرفة إن استطعت فمثلك جاهل لم يؤتى من العلم شيئا و لا يستعصي علي أن أفضح جهلك  بما حوى القرآن من المعاني و البيان و البديع فلا غر غيرك ولا أجهل منك ولكننا نعيش عصرا صار فيه سفهاء العرب يسمون دعاة وعلماء

Où j'invite le prétendu uléma à nous laisser en paix et où je  le défie à  débattre avec  moi de la  rhétorique  dans le Coran.

mercredi 1 mai 2013