Pour Jean-Louis Kuffer.
Skrzydla Nad Transylwania (Ailes au-dessus de la Transylvanie) est un ouvrage de Marta Cywinska écrit en polonais. Je ne l’ai jamais lu et pourtant il tient une place particulière dans ma bibliothèque et dans ma bibliothèque imaginaire. J’ai même un lien organique avec ce roman. Il a été publié en 2005. Quelques mois après sa parution, les hasards des rencontres universitaires ont fait que je me suis trouvé en Transylvanie que j’ai parcourue dans tous les sens. Et j’avais l’impression, sous l’épaisseur des ombres des grands arbres, d’être dans ce roman dont je ne puis lire que quelques mots, voire un seul.
J’ai un lien organique avec le héros du roman, pourtant je ne suis pas triste à sa tristesse, son intelligence n’est pas la mienne, quand il rit, je ne suis pas gai et je ne jouis pas de sa jouissance quand il embrasse je ne sais quel personnage féminin.
Pourtant, ce personnage, je l’ai inspiré et il porte mon nom.
Plus d’une fois j’ai pensé à lui, lorsque le désir risquait de me mener trop loin.
Par exemple : j’ai pensé à lui sur la côte amalfitaine, jadis parcourue par tant d’écrivains et superbement décrite par Gide. Je ne voyais par le paysage mais le sublime visage de l’assistante de mon collègue italien. Il aurait eu plus d’audace que moi.
Ou alors, devant l’image de Constance. Il aurait eu plus d’audace que moi.
Il pourrait, lui, voler jusqu’à Montréal ou jusqu’en Chine. Il fait mieux que moi son beurre et sa bière, son pain et son poème, son vin et sa vie. Lui qui a su aller là je n’ai jamais mis les pieds.
En Transylvanie, il a déployé ses ailes mieux que je ne l’ai fait.
Marta Cywinska
Née en Pologne, elle évoque souvent ses origines tatares du côté maternel, poétesse polonaise francophone , élevée dans le culte de la littérature française, prosateur, traductrice de littérature francophone, essayiste, critique littéraire, auteur de 8 livres : 6 recueils de poésie (dont un écrit en français), deux romans. Elle a publié de nombreux articles ( notamment sur la poésie, l'histoire des relations franco-polonaises, l'anthropologie de la culture), chargée de cours de littérature française et francophone ; elle est fascinée par le surréalisme 'en pratique', la culture arabe, la littérature de l'Afrique noire, par les liens entre la littérature contemporaine et l'anthropologie de la culture, le Moyen Age et l'influence de la culture celtique sur la littérature européenne, par l'art de la traduction de la poésie onirique, par les interférences culturelles et l'histoire des allégories et des symboles. Ses premières publications datent de 1984, a publié dans des revues littéraires polonaises et internationales ( entre autres en France, au Canada, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Roumanie et au Maroc), auteur d'expositions - 'accessoires' poèmes inspirés par la culture celtique, metteur en scène 'occasionnel' de quelques pièces de théâtre montées par ... quelques théâtres
Marta Cywinska
Sylvia, ma sœur
Skrzydla Nad Transylwania (Ailes au-dessus de la Transylvanie) est un ouvrage de Marta Cywinska écrit en polonais. Je ne l’ai jamais lu et pourtant il tient une place particulière dans ma bibliothèque et dans ma bibliothèque imaginaire. J’ai même un lien organique avec ce roman. Il a été publié en 2005. Quelques mois après sa parution, les hasards des rencontres universitaires ont fait que je me suis trouvé en Transylvanie que j’ai parcourue dans tous les sens. Et j’avais l’impression, sous l’épaisseur des ombres des grands arbres, d’être dans ce roman dont je ne puis lire que quelques mots, voire un seul.
J’ai un lien organique avec le héros du roman, pourtant je ne suis pas triste à sa tristesse, son intelligence n’est pas la mienne, quand il rit, je ne suis pas gai et je ne jouis pas de sa jouissance quand il embrasse je ne sais quel personnage féminin.
Pourtant, ce personnage, je l’ai inspiré et il porte mon nom.
Plus d’une fois j’ai pensé à lui, lorsque le désir risquait de me mener trop loin.
Par exemple : j’ai pensé à lui sur la côte amalfitaine, jadis parcourue par tant d’écrivains et superbement décrite par Gide. Je ne voyais par le paysage mais le sublime visage de l’assistante de mon collègue italien. Il aurait eu plus d’audace que moi.
Ou alors, devant l’image de Constance. Il aurait eu plus d’audace que moi.
Il pourrait, lui, voler jusqu’à Montréal ou jusqu’en Chine. Il fait mieux que moi son beurre et sa bière, son pain et son poème, son vin et sa vie. Lui qui a su aller là je n’ai jamais mis les pieds.
En Transylvanie, il a déployé ses ailes mieux que je ne l’ai fait.
Marta Cywinska
Née en Pologne, elle évoque souvent ses origines tatares du côté maternel, poétesse polonaise francophone , élevée dans le culte de la littérature française, prosateur, traductrice de littérature francophone, essayiste, critique littéraire, auteur de 8 livres : 6 recueils de poésie (dont un écrit en français), deux romans. Elle a publié de nombreux articles ( notamment sur la poésie, l'histoire des relations franco-polonaises, l'anthropologie de la culture), chargée de cours de littérature française et francophone ; elle est fascinée par le surréalisme 'en pratique', la culture arabe, la littérature de l'Afrique noire, par les liens entre la littérature contemporaine et l'anthropologie de la culture, le Moyen Age et l'influence de la culture celtique sur la littérature européenne, par l'art de la traduction de la poésie onirique, par les interférences culturelles et l'histoire des allégories et des symboles. Ses premières publications datent de 1984, a publié dans des revues littéraires polonaises et internationales ( entre autres en France, au Canada, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Roumanie et au Maroc), auteur d'expositions - 'accessoires' poèmes inspirés par la culture celtique, metteur en scène 'occasionnel' de quelques pièces de théâtre montées par ... quelques théâtres
Marta Cywinska
Sylvia, ma sœur
Toutes les deux, nous étions enfermées
—dans le bracelet d'une princesse défunte
qu'aucun Egyptien ne saurait graver
sur le front d'une femme-cercueil
Des milliers d'années lumineuses
fuyant du toucher d'une allumette
Les lèvres de Sylvia Plath se cavent
au-dessous d'un nouveau magma
Saute, me dit-elle, saute d'un roseau
même son dernier étage n'est
qu'une boîte aux lettres
jamais envoyées