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vendredi 31 août 2012
Place aux Foins
C'était place aux Foins dans mon rêve
La libraire me montrait un manuscrit illisible
Je n'ai pas baissé les yeux, il n'y avait plus aucun ailleurs
- Ni à travers la fenêtre ni du côté des bibelots -
J'ai vu la naissance des seins et leur albâtre
Je n'ai pas baissé les yeux
Tant ils doivent ressembler à ceux de l'amour
J'étais si près d'Elle, si près de sa robe bleue
C'était à Saint-Pétersbourg où je n'ai jamais été
Jalel El Gharbi
jeudi 30 août 2012
samedi 25 août 2012
Des salafistes encore !
En 1810 déjà, Mohamed Ibn Abdelwaheb - fondateur de l'hérésie wahabite- écrivit une lettre arrogante à Hammouda Pacha, bey de Tunis. Le Bey transmit la lettre aux savants de la Zeitouna. Ils y eut deux réponses : un ouvrage de Cheikh Temimi, aujourd'hui introuvable à Tunis !!! dont je traduirais le titre ainsi : De la grâce divine dans la réfutation des dévoiements wahabites.
Il y eut également une lettre magistrale, celle de Abu Al Fadhel Kacem Mahjoub.
La lettre du wahabite et celle du savant tunisien se trouvent dans l'ouvrage du grand historien tunisien Ibn Abi Dhiaf (1804-1874). Le commentaire donné par l'historien est magistral.
Le tout est sur dailymotion. Prenez le temps d'apprécier.
http://www.dailymotion.com/video/xlvcv5_yyyyy-yyyyy-yyyy-yyy-yyyyy-yyyyyyy_webcam
Il y eut également une lettre magistrale, celle de Abu Al Fadhel Kacem Mahjoub.
La lettre du wahabite et celle du savant tunisien se trouvent dans l'ouvrage du grand historien tunisien Ibn Abi Dhiaf (1804-1874). Le commentaire donné par l'historien est magistral.
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En lisant le Décaméron
"Faites que je puisse me vanter, dans l'autre monde, d'avoir été aimé dans celui-ci de la plus belle femme qui soit sortie des mains de la nature."
jeudi 23 août 2012
mercredi 22 août 2012
La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis
La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis est le tout nouveau roman de Francis Dannemark "Une histoire d'amour, d'amitié et de cinéma en 500 pages" aux éditions Robert Laffont.
Sortie en librairie : demain
Voici un extrait de ce roman :
Chapitre 3
Comment Archibald l’a sauvée
Jean-François arriva un peu avant sept heures. Il avait enfilé des bottes de caoutchouc pour faire le quart d’heure à pied qui séparait son appartement de la maison et s’en débarrassa dans le hall d’entrée. En compagnie de Max, qui avait fini de préparer la table pour le dîner, il alla se poser dans un des divans du salon. Il avait été aménagé pour qu’une dizaine de personnes, en se serrant un peu, puissent ne rien perdre des images défilant sur l’écran de belle taille que Jean-François avait installé dans un coin de la pièce. Max n’avait pas tiré les rideaux. Il regardait tomber la neige avant de reporter son regard vers les flammes qui dansaient dans la cheminée. Jean-François lui dit qu’il devrait songer à faire un trou dans son pull à hauteur du coude droit.
– Ah bon ? Ça porte bonheur ?
– Peut-être, oui. Mais surtout, ça irait parfaitement avec le trou que tu as déjà au coude gauche…
Max ne se donna pas la peine de vérifier. Jean-François avait raison ; d’ailleurs, lui avoua-t-il, Judith lui avait fait la remarque la veille.
– Je sais que tu ne reçois plus de nouveaux patients, dit Jean-François, et que les rares que tu vois encore te connaissent et ne vont pas se formaliser, n’empêche, tu devrais faire un peu attention.
Max acquiesça d’un mouvement de la tête.
– C’est curieux que tu dises ça aujourd’hui, ajouta-t-il avec un demi-sourire. J’ai reçu quelqu’un de nouveau cet après-midi.
– Grande nouvelle. Comment cela se fait-il ?
– Je n’ai pas eu vraiment le choix. C’est un service qu’on m’a demandé. L’ami de l’amie du collègue…
La phrase fut interrompue par la sonnerie qui annonçait une arrivée. Jean-François se leva pour aller ouvrir. Max l’entendit qui commentait la météo avec Marie-Louise. Elle avait soixante-quatorze ans et elle était ravie d’être la doyenne du club. Quatre ans plus tôt, elle avait perdu son mari, terrassé par un infarctus alors qu’il faisait sa séance quotidienne de course à pied dans les allées du parc. Kinésithérapeute, il s’était très tôt spécialisé avec passion dans le domaine sportif. Marie-Louise, infirmière de formation, était devenue son assistante et avait assuré son secrétariat. Arrivé à l’âge de la retraite, il était resté très actif, partageant son temps entre quelques clubs de sport qui réclamaient ses conseils. Marie-Louise s’était dit que mourir en pleine course, près de ces arbres qu’il aimait tant, et sans avoir à connaître la moindre déchéance physique, était la plus belle sortie pour lui. Mais cette certitude, partagée par ses deux fils, ses deux filles et ses nombreux petits-enfants, ne l’avait pas protégée entièrement du chagrin. Certains soirs, à l’improviste, il faisait de la ronde et dynamique Marie-Louise une femme à qui la mélancolie tenait compagnie d’un peu trop près. Jean-François, qui habitait un appartement à deux pas du sien, la connaissait depuis longtemps. Il avait consulté son mari plusieurs fois après s’être fait mal en jouant au tennis et il était au courant de son décès. S’étant mis à bavarder dans la file d’attente de la boucherie qu’ils fréquentaient tous les deux, Jean-François et Marie-Louise avaient poursuivi en prenant un thé au Pain Quotidien. Marie-Louise lui avait confié presque à l’oreille, fort gênée mais très amusée aussi, qu’elle n’avait jamais vraiment aimé le monde du sport.
– Vous n’imaginez pas l’odeur, lui avait-elle dit. Même les femmes. Même les enfants. Sauf les Asiatiques, je me suis toujours demandé pourquoi.
– La nourriture, sans doute, avait suggéré Jean-François.
Ça ne l’avait pas empêchée d’adorer son mari mais elle se souvenait parfois qu’elle rêvait, jeune, de passer ses soirées au cinéma, de courir les expos… Jean-François, touché par cette femme que le chagrin n’avait pas privée d’humour mais qui semblait avoir besoin d’un peu d’aide, lui avait dit qu’il n’était jamais trop tard et qu’il serait ravi de lui faire découvrir à l’occasion quelques perles de sa collection de films.
Il n’avait pas tardé à l’appeler et avait aussi invité Max, qui avait tendance à se renfermer. Un quart d’heure de marche ne ferait pas de mal à sa jambe qui avait besoin d’exercice et un vieux film lui rappellerait l’époque où, adolescents, ils ne rataient pour ainsi dire jamais la diffusion, sur l’une ou l’autre chaîne de télévision, de classiques ou de raretés du cinéma. Ils étaient à bonne école : le père de Jean-François nourrissait une passion quasi exclusive pour le cinéma et se réjouissait de la partager avec son fils et le meilleur ami de celui-ci.
Ce soir-là, Jean-François proposa de découvrir un film de 1934 qu’il venait de recevoir des États-Unis, Thirty-Day Princess, dont le scénario avait été écrit par Preston Sturges et qui permettait de voir Cary Grant avant The Awful Truth, avant Bringing up Baby et Holiday, bref, avant que se précise et se fixe le personnage qu’il allait incarner avec une classe légendaire pendant près de trente ans. Jean-François demanda à Max et à Marie-Louise s’ils connaissaient sa réponse célèbre à un journaliste qui lui avait fait remarquer qu’il était un modèle unanimement reconnu : « C’est vrai, tout le monde voudrait être Cary Grant. Même moi. »
À la fin du film, sans qu’ils le sachent, Jean-François, Max et Marie-Louise venaient de vivre, au milieu de l’année 2006, la première séance du ciné-club. Il faudrait deux années et un certain nombre de séances improvisées avant que la chose devienne réelle et régulière, mais le premier pas était fait.
Et Archibald Alexander Leach, mieux connu sous le nom de Cary Grant, avait conquis le cœur de Marie-Louise. Certes, elle l’avait déjà vu dans quelques films – elle se souvenait de Charade (avec Audrey Hepburn qu’elle trouvait si ravissante) et de La mort aux trousses – mais ce furent ce jour-là, grâce à laPrincesse par intérim, non des retrouvailles mais une authentique rencontre, avec ce qu’il faut de candeur et d’émerveillement. Comme le fit remarquer Max par la suite, Cary Grant avait sauvé Marie-Louise, qui, au lieu de tourner en rond, se mit à la recherche, avec l’aide précieuse de Jean-François, de tous ses films et de tous les livres parlant de lui. Peu requis par sa fille qui, ayant hérité de son goût pour la langue anglaise et pour le cinéma, faisait des études de traductrice avec l’intention de devenir sous-titreuse de films, et paisible dans son travail de professeur et de responsable du département d’anglais d’une école de traduction et d’interprétariat, Jean-François avait été heureux d’offrir un peu de temps et d’attention à sa voisine.
Suite à son divorce, deux ans plutôt, d’avec sa seconde épouse – une comédienne dont il avait été incroyablement amoureux mais à qui il avait renoncé à expliquer que ni la beauté ni le talent ne résistent longtemps à l’action combinée de l’alcool et des tranquillisants –, Jean-François avait traversé discrètement mais très douloureusement plusieurs mois de crise. Il s’en était sorti en donnant un deuxième souffle à sa passion pour le cinéma, grandement aidé en cela par le développement d’Internet. Les plates-formes anglaise et américaine d’Amazon lui avaient permis de découvrir de nombreux marchands qui possédaient des trésors et de mettre la main, à des prix très légers, sur des films et des livres jusque-là introuvables.
Alors que d’autres attendent l’amour, Jean-François attendait le facteur. Les commandes mettaient parfois trois ou quatre jours à lui parvenir, parfois un mois ou davantage. Mais elles arrivaient et Jean-François regardait le soir même quelques extraits du film déposé dans sa boîte aux lettres par l’homme ou la dame des postes, avant de le ranger dans la série des films à découvrir ou à revoir d’urgence, à côté du Lieutenant souriant de Lubitsch, ou un peu plus tard, entre le David Copperfield de George Cukor et la version restaurée des Grandes Espérances de David Lean.
L’opération Cary Grant occupa bientôt une large part des loisirs de Marie-Louise. Ayant découvert qu’une partie non négligeable de l’abondante filmographie de son idole n’était pas disponible avec des sous-titres français, elle décida de prendre des cours d’anglais. Jean-François lui recommanda une femme qui n’était pas enseignante mais qui était authentiquement Anglaise et qui accepterait peut-être de l’aider. Elle s’appelait Kate. Jean-François l’invita un soir pour qu’elles fassent connaissance. Il invita aussi Max, qu’elle avait consulté à deux ou trois reprises à l’époque où elle avait commencé à changer de vie et avec qui elle était restée en contact. Jean-François avait-il dit à Max qu’il avait eu une brève aventure avec Kate, qu’il avait rencontrée chez lui lors d’une soirée ? Oui, il s’en souvenait, ils en avaient parlé : Max n’avait pas été étonné par ce qu’il lui avait révélé, à savoir qu’il y avait une deuxième Kate qui, dans l’intimité, pouvait se mettre soudain à sourire, d’un sourire incroyable qui la transfigurait totalement et qui faisait d’elle, pour quelques instants fugaces, une femme d’une beauté fascinante, avant qu’elle redevienne une grande Anglaise mince et pâle aux cheveux clairs, perdue dans ses pensées et dans un pull toujours trop large.
Ce soir-là, en regardant The Bishop’s Wife – dans lequel Cary Grant était aussi séduisant qu’énigmatique en ange envoyé sur terre pour prêter main-forte à David Niven, évêque anglican qui préférait les plans d’une cathédrale aux charmes de son épouse –, Marie-Louise trouva un professeur d’anglais qui allait devenir une amie. Et le futur ciné-club compta un quatrième membre.
dimanche 19 août 2012
La Grèce n'est pas morte !
Non, la Grèce n’est pas morte !
par Jean-Claude Villain, écrivain
Il y a quelques semaines, en large titre de pleine page d’un grand quotidien
français, on pouvait lire cet avis de décès stupéfiant : « La Grèce est
morte ». Déjà énoncé en 1956 par Cornélius Castoriadis, le thème de la mort
de la Grèce est aujourd’hui repris par de nombreux intellectuels et notamment
par un écrivain grec contemporain majeur : Dimitris Dimitriadis. Tel constat,
aussi absolument désespéré, n’est pas un des
moindres signes du désarroi politique, matériel et
moral qui a envahi ce pays. Faut-il pour autant l’accepter fatalement,
enregistrer cette nouvelle sans plus de doute ni d’examen ? Partant pour
plusieurs semaines en Grèce continentale et insulaire, la parcourant du sud au
nord, d’est en ouest, je m’attendais à constater tristement l’incroyable fin de
ce pays et du mythe qu’il porte, à assister en témoin à son enterrement, et en
vieil ami à prendre ma part du deuil.
Certes dans les villes, à Athènes surtout, la misère matérielle et morale est
immédiatement perceptible, et pas seulement parce que de nombreux migrants, dont
beaucoup d’enfants, y errent et mendient : des signes sont là, irréfutables, qui
témoignent de la réalité pesante de la crise, de son étendue et de sa
profondeur. Celle-ci n’est plus la matière abstraite d’une phraséologie
redondante ayant envahi les médias et les cerveaux occidentaux, car sur place
cela se voit, se sent, se dit : les Grecs en majorité, vivent plus mal, inquiets
et pessimistes.
Pourtant, au-delà du constat des causes qui ont depuis des décennies affaibli
la Grèce (clientélisme et corruption des deux principaux partis politiques
alternativement au pouvoir, affaissement des vertus populaires traditionnelles,
emprise d’un libéralisme aux méthodes sauvagement prédatrices, inefficience de
certains services publics, féodalités économiques persistantes, chômage
croissant, exil des jeunes), je voudrais ouvrir une brèche d’espoir en rappelant
les incomparables forces résiduelles dont dispose ce pays, aptes à stimuler une
vision moins désespérée de son présent et de son avenir. Car c’est avant tout
d’un espoir mobilisateur dont ce pays a besoin afin de se libérer des pronostics
et des pressions qui l’accablent. Au creux même de la dépression, il lui faut
mobiliser une foi en lui-même, en son identité singulière, les leçons de son
histoire et la vitalité de ses racines, par là susciter un élan apte à répondre,
comme René Char a pu le suggérer en des temps également dramatiques, « à
chaque effondrement des preuves (…) par une salve d’avenir ».
Comme dans la plupart des pays du monde, les villes grecques concentrent la
majorité de la population nationale et tendent à faire oublier « l’autre Grèce »
qui ne perçoit ni ne vit la crise de la même façon. Il suffit de s’éloigner des
villes, de parcourir les très nombreuses portions sauvages des milliers de
kilomètres du littoral grec, préservé, contrairement à d’autres côtes
méditerranéennes, de l’inflation anarchique d’immeubles qui les ont
définitivement défigurées et dépoétisées, de parcourir les campagnes couvertes
d’oliviers, d’arbres fruitiers, de vignes, où s’épandent troupeaux de chèvres et
ruchers, de s’attarder dans les villages dont la silhouette évolue lentement,
pour retrouver un art de vivre peu perturbé par la crise, sachant entretenir et
promouvoir des réflexes de production, d’autonomie et de solidarité. Celui-ci
permet une bénéfique mise à distance, à la fois psychologique et concrète, de la
problématique de crise qui obsède les populations européennes. Il peut paraître
naïf d’opposer ainsi la relative quiétude du monde campagnard et insulaire grec,
protégé par sa perpétuation des modes de vie traditionnels, au mal-vivre
croissant des citadins, plus directement exposés, de vanter les atouts d’un
environnement naturel et d’une forme de vie qualitativement axée sur la
jouissance de biens premiers, essentiels, par opposition à l’enfoncement de
populations entières dans la solitude, la misère et le désespoir. Mais en Grèce
cette opposition est moins simpliste et moins grande qu’il n’y paraît car malgré
le caractère tentaculaire de la mégalopole athénienne et de sa banlieue
sud-ouest industrielle, malgré les villes de diverses tailles du pays, le
citadin grec est rarement coupé du pays profond qui lui sert de véritable base
de ressources, psychologiques et matérielles, affectives et poétiques. Beaucoup
de citadins grecs disposent en effet, à la campagne ou sur une île, d’une maison
–souvent de famille- d’où eux-mêmes et sinon des proches rapportent et partagent
olives, huile, légumes, fruits, confitures, miel, fromages, pain, vin, ouzo,
raki. Ces denrées garantissent bien plus qu’une part savoureuse de la
subsistance alimentaire : un lien affectif et traditionnel apte à nourrir la
force mentale, affective et poétique par laquelle nombre de Grecs semblent mieux
résister à l’angoisse et la disette générées par la crise que ne le laissent
imaginer les informations accessibles en France. La solidarité familiale
traditionnelle, maintenue très forte, contribue sur les plans matériel,
psychologique et affectif, à cette résistance. Ainsi, à partager quelques
semaines la vie de ce peuple, ce qui ressort est la perpétuation de ses atouts
psychologiques et culturels essentiels par lesquels, sans tomber dans des
clichés de propagande touristique, un certain art de vivre reste bien vivant, et
par là salvateur. Les terrasses des cafés et les tavernes sont majoritairement
fréquentées par des Grecs qui, affichant cette tranquille lenteur qui subsiste
malgré tout, continuent à aimer plus que d’autres, le partage d’un verre ou d’un
plat à l’air et au soleil, à tirer des chaises dans la rue pour une
conversation. De ce pays riche de vastes espaces sauvages dont la beauté
stupéfiante reste inchangée il faut donc –et de beaucoup- corriger la lecture,
essentiellement médiatique, qu’inspire la seule référence urbaine, (c’est-à-dire
concentrationnaire) et prendre en compte le lien racinaire entretenu par chaque
Grec avec des modes de vie séculaires où dans des territoires à faible densité
humaine mais aux richesses naturelles intactes, il entretient un rapport
mythique à l’espace et au temps. Ceci n’est malheureusement ni apparent dans les
reportages télévisés, ni valorisé par les clientélismes politiques, lesquels
semblent plutôt s’acharner à favoriser par la répétition de la peur de l’avenir,
un populisme réactionnel tenté par les extrêmes.
Non seulement riche d’une géographie et d’une sociologie singulières ce pays
mythique est également porté par une histoire qui l’irrigue encore, même si
parfois elle lui pèse et que, dans l’espoir de se régénérer, il est tenté de la
brader. Sans remonter exagérément le temps, ce fut au XIX° siècle la révolte
contre l’occupation ottomane et l’indépendance retrouvée. Au XX° siècle la
successive résistance au nazisme qui amena la guerre civile, puis à la dictature
des colonels. Mais les déterminations de l’histoire moderne ne sauraient
éclipser l’influence encore vivante de la période antique. Plutôt que de la
liquider une bonne fois pour toute comme le suggère Christos Chryssopoulos dans
son roman La destruction du Parthénon, (et avant lui Yorgos Makris) par
la métaphore symbolique de la pulvérisation de l’Acropole qui coiffe de façon
écrasante la cité-capitale et par là tout le pays, il convient au contraire de
prendre en compte le bénéfice psychologique que confère, encore aujourd’hui à la
population, la conscience d’être héritière d’un passé prestigieux nourri des
génies qui ont hissé ce pays au rang d’une des plus vieilles et des plus hautes
civilisations. Cela se remarque de nombreuses façons dans la vie nationale et
contribue au sentiment d’unicité, d’unité et de dignité du peuple. Des noms des
rues aux prénoms des gens, des mentions abondantes des dieux et des personnages
de la mythologie à l’évocation des récits et légendes, joués ou chantés, au
théâtre, en musique, en chansons, c’est dans la vie quotidienne de tous les
Grecs que s’entretient cette référence, continuée et magnifiée, aux périodes de
l’histoire du pays pourvoyeuses d’une grande part de l’honneur –sinon de
l’orgueil- national. En cela la Grèce sait –et implicitement le rappelle à tous-
qu’elle est certainement le pays le plus originel, et peut-être le plus
référenciellement rassembleur de la culture européenne, qu’elle est donc
incontournable pour poursuivre la construction politique, économique et
culturelle de l’Europe.
Mise à mal par un système économique et bancaire qui l’a dépassée, et sans
cependant pouvoir s’exempter de ses propres maux intérieurs, politiques surtout,
qui l’ont gravement fragilisée, la Grèce n’est pas seulement le parent pauvre et
problématique de l’Union européenne, la brebis galeuse de la zone euro. Elle
reste à la fois un pays exceptionnel dont les ressources historiques,
géographiques, culturelles, humaines, mythologiques et poétiques sont utiles à
tous les Européens, et un peuple, certes aujourd’hui inquiet et tourmenté,
stigmatisé quoique victime, mais vaillant et capable de s’arc-bouter une
nouvelle fois contre un sort contraire ; un pays qui sait instinctivement qu’il
possède les richesses inviolées de sa géographie, de son histoire, de sa
singularité anthropologique, et qui en tire sa force latente, capable de
résistance et de rebond. Décidément non la Grèce n’a pas à précipiter sa mort, à
s’offrir en victime sacrificielle d’une communauté étrangère cherchant à
garantir sa survie en faisant d’elle un bouc-émissaire, n’a pas à se renier, ni
à céder aux tendances suicidaires auxquelles la porterait la dépression qui
l’affecte, à tout feindre d’arranger par sa disparition oblative. Plutôt que de
jouer les pleureuses du cortège funèbre, l’œuvre la plus urgente des
intellectuels grecs est de revitaliser les forces souterraines intactes du pays
qui a besoin d’eux comme d’un chœur moderne, vigile et lancinant. Non la Grèce
n’est pas morte, ne peut pas mourir. Et si aujourd’hui l’Europe paraît la
soutenir de ses perfusions, c’est en réalité, au plus profond, l’Europe qui a
vitalement, et pour toujours, besoin d’elle.
Jean-Claude Villain,
Ecrivain
vendredi 17 août 2012
jeudi 16 août 2012
Poesia Traduzione di Pina Isopo
Gli capita anche di curare lo scorbuto
che punisce i marinai per essere andati così lontano
dagli alberi di limone, dalle piante di ribes nero e dagli olivelli spinosi
Però non ha fatto niente per questo corpo che perde colpi
Gli capita perfino di misurare gli abissi
e di calcolare quanto tempo mette un’arancia
a cadere da Venere in una mano affamata
eppure non ha misurato la profondità del supplizio
Capita all’amore di prevedere tutto
ma non ha fatto anticipazioni su una sola delle mie parole
Jalel El Gharbi traduzione di Pina Isopo
che punisce i marinai per essere andati così lontano
dagli alberi di limone, dalle piante di ribes nero e dagli olivelli spinosi
Però non ha fatto niente per questo corpo che perde colpi
Gli capita perfino di misurare gli abissi
e di calcolare quanto tempo mette un’arancia
a cadere da Venere in una mano affamata
eppure non ha misurato la profondità del supplizio
Capita all’amore di prevedere tutto
ma non ha fatto anticipazioni su una sola delle mie parole
Jalel El Gharbi traduzione di Pina Isopo
mardi 14 août 2012
Poème
Il lui arrive même de soigner le scorbut
Qui punit les marins d’être allés si loin
Des citronniers, des cassis et des argousiers
Or il n’a rien fait pour ce corps qui s’essouffle
Il lui arrive même de mesurer les abysses
Et de calculer combien de temps met une orange
Pour tomber de Vénus dans une main affamée
Cependant il n’a pas mesuré la profondeur du supplice
Il arrive à l’amour de tout prévoir
Pourtant il n’a pas anticipé sur un seul de mes mots
Jalel El Gharbi
Qui punit les marins d’être allés si loin
Des citronniers, des cassis et des argousiers
Or il n’a rien fait pour ce corps qui s’essouffle
Il lui arrive même de mesurer les abysses
Et de calculer combien de temps met une orange
Pour tomber de Vénus dans une main affamée
Cependant il n’a pas mesuré la profondeur du supplice
Il arrive à l’amour de tout prévoir
Pourtant il n’a pas anticipé sur un seul de mes mots
Jalel El Gharbi
lundi 13 août 2012
samedi 11 août 2012
Lettre ouverte à l'ambassadeur d'Algérie
Monsieur l'Ambassadeur,
Mercredi 8 août, la gendarmerie algérienne a abattu un contrebandier tunisien. Ce n'est pas la première fois que les forces de votre pays recourent aux armes pour des infractions qui, vous en convenez, ne valent pas une vie humaine. Je me permets de vous rappeler que le 19 octobre, une frégate de la marine algérienne a tué un pêcheur tunisien à quelques encablures des eaux territoriales tunisiennes.
Je tiens à exprimer mon indignation et ma colère de voir des hommes tués pour une bouchée de pain. Naïvement, j'ai toujours pensé que ces armes, acquises au prix de grands sacrifices du peuple algérien, serviraient le cas échéant à la défense du Maghreb. J'ai dû donc déchanter. Force est de constater que ces armes ne servent qu'à de piètres prouesses.
Comme il y a lieu de craindre que le silence des autorités tunisiennes, soucieuses de préserver les relations entre nos pays, n'incite les forces algériennes à la récidive, j'ai estimé de mon devoir de citoyen tunisien d'exhorter les autorités algériennes à faire plus de cas des sentiments fraternels que voue le peuple algérien à la Tunisie, à faire plus de cas de la vie humaine et à faire preuve de plus de retenue et de bon sens. En effet, il serait bien plus profitable pour l'Algérie et pour la région de montrer la même fermeté face aux terroristes et aux trafiquants de drogue qui pullulent dans le sud algérien mettant en péril la stabilité et l'indépendance de toute la région.
A ma connaissance, aucune instance algérienne - même pas votre ambassade - n'a estimé nécessaire d'exprimer ses condoléances ou ses regrets. Cela pourrait être interprété comme signe d'une hostilité qui n'a pas lieu d'être.
Avec l'expression de mes sentiments, les meilleurs.
vendredi 10 août 2012
mardi 7 août 2012
Poème d'Edouardo Galhos
Être où l’on est
actif sans s’agiter sans y
penser
détaché du besoin de devenir
exister pour se sentir vivre à
tout instant
prêt à mourir pour continuer à
vivre.
Sentir l’herbe au ras des pieds
dans nos forêts d’enfant
du sable dans nos orteils
traversant nos déserts
égaler le fleuve qui court rêveur
de l’océan
esprit de l’air un éclair constant
à longueur du temps.
Roucoule de la colombe sur la
branche de l’olivier
huée de la mouette jusqu’où elle
doit aller
demeurant le soupir d’un désir
dans l’acuité du cri
écho qui arrive et repart sans
savoir où il va
rayonnante est l’évocation qui se
répercute à l’infini
éloignement délicat de soi pour se
rejoindre plus tard
arbitre de son destin et
consentant sans y être forcé
comprendre sans questionner et
accepter sans effort
être où l’on est et où l’on a été
depuis toujours peut-être
serein ancré et solide au sommet
de la montagne altière.
Lâcher prise étant sûr que tôt ou
tard on possédera
sans tenir à quoi qu’on fasse pour
changer quoi que soit
s’étirer vers le haut humer à
pleins poumons l’air
du commencement à la fin rien ne
s’arrête de bouger
l’équilibre instable est source
d’une appétence
la clameur est la flamme d’une
vérité
absolue
briguer son honneur dès lors qu’on
risque de le perdre.
Toute place est étroite dans un
lit abandonné
la douleur de la solitude n’est
que passagère
fantasque est la fantaisie d’un
rêveur au réveil
arriver éveillé à l’aube d’un
lendemain
regagner une dernière fois la
forêt où tout est élevé
rentrer dans la cité comme pour un
dernier jugement
chercher l’allure d’une
verticalité nécessaire.
Dans le silence d’une prière les
désirs se sont logés
s’acheminer droit pour arriver où
nos pas nous l’autorisent
vivre en toute liberté deviendra
un jour réalité
conscient de ce que l’on est sans
violences exigées
le don de la modestie est la plus
grande richesse
tout être est un arbre enraciné
fixé par ses racines
se tenant droit sans retenir
seulement pour le plaisir
la fragilité pressentie est une
apparence exquise
une force universelle nous pousse
à poursuivre
loyaux à nos aïeux nous serons
leur reflet
être ce qu’on doit être jusqu’à la
fin de nos jours
léger mais résolu sans cesser de
le mériter
demeurer immuable au gré des
vents et marées
finir de bon cœur pour se rendre
où l’on doit aller
rien ne sert de se féliciter pour
se sentir bien ou mal.
Le souffle se tient régulier entre
la terre et le ciel
l’âme s’instille au long de la
colonne vertébrale.
Eduardo GALHOS-
14.02.2012
lundi 6 août 2012
Ceux qui ne supportent ni Beethoven ni Schiller passent encore à l'action
Un salafiste a agressé hier Cheikh Abdelfatah Mourou à Kairouan.
L'agresseur serait un criminel qui a profité de la grâce accordée par Moncef Marzouki. Avant de lancer à toute volée un verre à la face du Cheikh, l'agresseur lui a reproché sur un ton qui se veut spirituel d'avoir chanté ". Moi, je suis un musulman qui ne chante pas", en allusion à un passage à la TV du Cheikh où il a chanté sur l'air de la 9eme symphonie de Beethoven le poème de Schiller.
Nous payons aujourd'hui les frais de la démagogie de ce président sans prérogatives et du laxisme du gouvernement.
Parmi les premiers à se rendre au chevet du Cheikh d'hypocrites prédicateurs de la haine, des ignares qui croient détenir la science infuse.
En cette circonstance aussi pénible qu'inquiétante, je souhaite un prompt rétablissement au Cheikh et exprime toute ma solidarité avec lui.
Fenêtre sur mer, Giulio-Enrico Pisani
Photo ayant inspiré ce poème. Photo communiquée par Ibtissem. Qu'elle soit vivement remerciée.
Fenêtre sur mer
C'est le songe de millions d'entre nous.
Pure poésie lorsqu'on en reste là,
Simple appel du large
Ou d'une vie meilleure,
Que m'importe !
Il emporte
poètes, aventuriers et Harragas
Loin de la médiocrité,
Où nous sommes ancrés .
Mais, volens nolens,
Nous n'avons pas le droit
D'abandonner ceux qui ne volent point,
Les humbles dont les fenêtres
Sont restées fermées,
Nolens volens, abandonnés,
À la tyrannie des juges
Autoproclamés.
Giulio-Enrico Pisani
samedi 4 août 2012
vendredi 3 août 2012
En relisant Hamlet
"Je pourrais être enfermé dans une coquille de noix, et me regarder comme le roi d’un espace infini, si je n’avais pas de mauvais rêves."
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