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jeudi 31 janvier 2013
mardi 29 janvier 2013
samedi 26 janvier 2013
Nathalie Ronvaux
Poème de Nathalie Ronvaux
De la place Tahrir à l’île d’Utoeya De Homs
à Toulouse
À bout portant chair sanglante la bête immonde entaille terre et ciel
La haine n’a
ni nom ni visage elle se dit au nom des pères au
nom des dieux au nom des terres au nom des mers
Unie à
l’égorgeur de mémoire elle se dresse
comme un rideau de fer édifié de
croyances de vengeance de folie de règne de sang de race de gloire de
Mes mots n’ont
vécu aucune guerre ils ne peuvent ni
la percer ni l’habiter ni se targuer de quel sang
ils seraient
mêlés
Entre
légende et réalité rumeurs
et faits ils rejoignent
un lion empreint
de la diversité murmurant un hymne
de la coexistence
Extrait de La Liberté meurt chaque jour. Editions PHI
Extrait de La Liberté meurt chaque jour. Editions PHI
Histoire et
Mémoire veines ombilicales du présent
vendredi 25 janvier 2013
Cheikh Mourou, le wahabisme et nos amis qui laissent faire
Nahdha ne peut pas continuer indéfiniment à encourager l'islamisation du pays à la wahabite et afficher le visage tolérant qu'elle emprunte à Cheikh Mourou. Elle ne peut pas mettre tout à la fois les hardes afghanes et exhiber la jebba bien tunisienne du Cheikh Mourou. En un mot, elle ne peut pas concilier islam wahabite et islam tunisien.
Le Cheikh Mourou vient de payer les frais de ces réalités irréconciliables, en se faisant agresser pour la deuxième fois. A Jemmal, il s'est fait violemment expulser de la mosquée, où il voulait prier, par un groupe d'illuminés harangués la veille par un imam intolérant, pour apostasie ! Traiter Cheikh Mourou d'apostat, c'est renier l'islam zeitounien, celui dans lequel nous avons été élevés. Un islam qui laisse une marge au péché, à l'erreur, à l'égarement, au doute, à la quête. Celui qui croit en la miséricorde de Dieu, en sa clémence. Celui qui ne refuse pas la vie, ni ne récuse les joies et les plaisirs de l'existence, ni le bonheur de la fête. L'islam zeitounien, le nôtre est avant tout culte de la connaissance, amour de la découverte, amour de l'amour.
Nos frères du Golfe déversent tant d'argent afin que nous partagions l'hérésie wahabite qui leur tient lieu de foi et qui fait que leur pays est inhabitable. Ils s'en consolent en se rendant souvent en Suisse, en Espagne et en Angleterre, au pays de leurs alliés, qu'ils tiennent pourtant pour des mécréants. Ils recrutent nos jeunes dans les milieux les plus déshérités et les envoient au casse-pipe en Syrie et au Malie alors que leurs enfants sont à Harvard ou Boston. Leur désir le plus ardent est de faire de nous des populations aussi misérables que les populations afghanes ou somaliennes. Parce que, bien entendu, il n'est pas question qu'ils partagent avec nous leur pétrole, mais uniquement leurs idées, celles qui leur ont été dictées et que Med Abdelwahab a transcrites. Pourtant, dès 1810, les ulémas de la Zeitouna ont décliné l'invitation au wahabisme dans la lettre magistrale de Abu Al Qacem Mahjoub et dans l'ouvrage cinglant de Cheikh Temimi (ouvrage qui n'a jamais été réédité, pour ménager la sensibilité de nos frères du Golfe). Juste une dernière chose, nos amis américains, car ce sont bien les nôtres, avant même que les monarchies du Golfe ne viennent au monde, laissent faire, mettant en péril l'aspiration d'un peuple à la liberté, au progrès.
jeudi 24 janvier 2013
Joyeuse fête du Mouled. Assida et poésie
Joyeuse fête du Mouled.
Délice du palais : l'assida, un mets des plus raffinés pour célébrer la douceur du Mouled pommes de pin, pistaches, noisettes, amandes, noix, pignons de pin... Entre deux coupes d'Assida, je n'oublie pas ma lecture annuelle de la Borda. Nom d’un poème écrit par Kaab Ibn Zohaier, un panégyrique déclamé devant le prophète. A la fin de la déclamation de ce texte d’une grande qualité littéraire, le prophète offrit au poète sa البردة « borda ». Terme que j’aurais traduit par « cape » si le mot n’avait pas des connotations chevaleresque, par « mante » si ce terme ne désignait un vêtement féminin. Manteau est à prendre ici au sens de vêtement ample, pouvant être, comme au XIX siècle, utilisé dans la literie. La « borda » est quasiment un genre littéraire. Il s’agit toujours d’un poème long commençant par des strophes amoureuses النسيب pour finir par un éloge mystique du prophète. Parmi les poèmes dits « borda », on citera celui de Boussiri dont nous traduisons ici les premiers vers, Atouani et, plus près de nous, le poème irrésistible de Chawki.
Délice du palais : l'assida, un mets des plus raffinés pour célébrer la douceur du Mouled pommes de pin, pistaches, noisettes, amandes, noix, pignons de pin... Entre deux coupes d'Assida, je n'oublie pas ma lecture annuelle de la Borda. Nom d’un poème écrit par Kaab Ibn Zohaier, un panégyrique déclamé devant le prophète. A la fin de la déclamation de ce texte d’une grande qualité littéraire, le prophète offrit au poète sa البردة « borda ». Terme que j’aurais traduit par « cape » si le mot n’avait pas des connotations chevaleresque, par « mante » si ce terme ne désignait un vêtement féminin. Manteau est à prendre ici au sens de vêtement ample, pouvant être, comme au XIX siècle, utilisé dans la literie. La « borda » est quasiment un genre littéraire. Il s’agit toujours d’un poème long commençant par des strophes amoureuses النسيب pour finir par un éloge mystique du prophète. Parmi les poèmes dits « borda », on citera celui de Boussiri dont nous traduisons ici les premiers vers, Atouani et, plus près de nous, le poème irrésistible de Chawki.
Le poème de Boussiri البوصيريcomporte 160 vers.
C’est la « borda » la plus connue au Maghreb, sans doute à cause des origines
maghrébines de ce poète né en 1213 en Egypte mais aussi pour la grande
délicatesse de ce texte.
البردة
البردة
البوصيري
أمن تذكـــــر جيــــــرانٍ بذى
ســــــلم مزجت دمعا جَرَى من مقلةٍ بـــــدم
أَمْ هبَّــــت الريـــحُ مِنْ تلقاءِ
كاظمــةٍ وأَومض البرق في الظَّلْماءِ من إِضم
فما لعينيك إن قلت
اكْفُفاهمتــــــــــــا وما لقلبك إن قلت استفق
يهـــــــــم
أيحسب الصب أن الحب منكتـــــــــــم
ما بين منسجم منه ومضطــــــــرم
لولا الهوى لم ترق دمعاً على طـــــللٍ
ولا أرقت لذكر البانِ والعلــــــــــمِ
فكيف تنكر حباً بعد ما شــــــــــهدت
به عليك عدول الدمع والســـــــــقمِ
وأثبت الوجد خطَّيْ عبرةٍ وضــــــــنى
مثل البهار على خديك والعنــــــــم
نعم سرى طيف من أهوى فأرقنـــــــي
والحب يعترض اللذات بالألــــــــمِ
يا لائمي في الهوى العذري معـــــذرة
مني إليك ولو أنصفت لم تلــــــــــمِ
Le manteau
Est-ce de t’être souvenu d’une voisine à Dhi Salamin
Que tu as mêlé tes larmes répandues à du sang ?
Ou est-ce le vent qui s’est levé du côté de Qadhima
Et l’éclair qui illumina les ténèbres vers Idhami ?
Pourquoi donc ne peux-tu pas retenir tes larmes ?
Pourquoi donc ton cœur ne peut-il se ressaisir quand tu le lui demandes ?
La passion croirait-elle que l’amour est dissimulé
Cet amour qui flamboie en toi ou qui s’est ancré ?
N’eût été ton penchant, tu n’aurais pas pleuré ni sur des vestiges
Ni à l’évocation du saule[1] et des traces laissées par ton amour
Comme peux-tu nier ta passion
Alors que les larmes et la maigreur témoignent contre toi
Et que l’amour a donné la preuve de deux coulées de larmes et de peine
Evidentes sur tes joues comme poivre sur fruit rouge
Oui l’ombre de celui que j’aime est passée nuitamment et m’a tenu éveillé
Car l’amour va à la rencontre du plaisir avec la douleur
Pardon ô toi qui me reproches mon amour udhrite[2]
Mais si tu étais juste, tu ne m’aurais fait aucune remontrance.
Traduction Jalel El Gharbi
[1] Le saule était le comparant de la beauté du corps de la femme.
[2] Platonique en référence à la tribu Udhra dont les membres mourraient d’amour. (le mot est employé dans le Larousse, dictionnaire mondial des littératures)
Le manteau
Est-ce de t’être souvenu d’une voisine à Dhi Salamin
Que tu as mêlé tes larmes répandues à du sang ?
Ou est-ce le vent qui s’est levé du côté de Qadhima
Et l’éclair qui illumina les ténèbres vers Idhami ?
Pourquoi donc ne peux-tu pas retenir tes larmes ?
Pourquoi donc ton cœur ne peut-il se ressaisir quand tu le lui demandes ?
La passion croirait-elle que l’amour est dissimulé
Cet amour qui flamboie en toi ou qui s’est ancré ?
N’eût été ton penchant, tu n’aurais pas pleuré ni sur des vestiges
Ni à l’évocation du saule[1] et des traces laissées par ton amour
Comme peux-tu nier ta passion
Alors que les larmes et la maigreur témoignent contre toi
Et que l’amour a donné la preuve de deux coulées de larmes et de peine
Evidentes sur tes joues comme poivre sur fruit rouge
Oui l’ombre de celui que j’aime est passée nuitamment et m’a tenu éveillé
Car l’amour va à la rencontre du plaisir avec la douleur
Pardon ô toi qui me reproches mon amour udhrite[2]
Mais si tu étais juste, tu ne m’aurais fait aucune remontrance.
Traduction Jalel El Gharbi
[1] Le saule était le comparant de la beauté du corps de la femme.
[2] Platonique en référence à la tribu Udhra dont les membres mourraient d’amour. (le mot est employé dans le Larousse, dictionnaire mondial des littératures)
mardi 22 janvier 2013
Un écho des Passantes
Jean-Michel Treinen, homme de culture et de dialogue entre les civilisations et traducteur du Coran en luxembourgeois, vient de publier dans le journal Feierkrop cette lecture de l'anthologie que Giulio-Enrico Pisani et moi-même venons de faire paraître. (cliquez sur l'image, pour lire)
lundi 21 janvier 2013
Réponse foudroyante de l'Algérie
Pour saluer la réponse foudroyante de l'Algérie aux terroristes et surtout à ceux qui tirent les ficelles. C'est plus clair maintenant : comme toujours, quiconque oserait se frotter à ce pays, y laisserait des plumes.
vendredi 18 janvier 2013
vendredi 11 janvier 2013
En relisant Nana
Monet : Nana
- Moi, disait Foucarmont, j'ai bu de tous les vins imaginables dans les cinq parties du monde... Oh! des liquides extraordinaires, des alcools à vous tuer un homme raide.... Eh bien! ça ne m'a jamais rien fait. Je ne peux pas me griser. J'ai essayé, je ne peux pas...
Tenez, reprit Foucarmont, à La Havane, ils font une eau-de-vie avec une baie sauvage; on croirait avaler du feu... Eh bien, j'en ai bu un soir plus d'un litre. Ça ne m'a rien fait... Plus fort que ça, un autre jour, sur les côtes de Coromandel, des sauvages nous ont donné je ne sais quel mélange de poivre et de vitriol ; ça ne m'a rien fait... Je ne peux pas me griser.
jeudi 10 janvier 2013
En attendant le verdict dans l'affaire du niqab
Jeudi 17 janvier, le tribunal de première instance de la Manouba rendra son verdict dans l'affaire du Doyen Kazdaghli. Ce procès oppose le Pr Kazdaghli à une salafiste en niqab qui prétend, certificat médical de complaisance à l'appui, avoir été giflée par le doyen ! Au cas où notre collègue, démocratiquement élu, viendrait à être condamné, ne fût-ce que symboliquement, la réaction du corps enseignant et de tout le personnel de la faculté sera des plus vigoureuses tant la coupe a débordé.
mercredi 9 janvier 2013
En relisant Le Côté de Guermantes. Une page irrésistible !
- Hé bien, en un mot la raison qui vous empêchera de venir en Italie ?
questionna la duchesse en se levant pour prendre congé de nous.
- Mais, ma
chère amie, c'est que je serai mort depuis plusieurs mois. D'après les médecins
que j'ai consultés, à la fin de l'année le mal que j'ai, et qui peut du reste
m'emporter tout de suite, ne me laissera pas en tous les cas plus de trois ou
quatre mois à vivre, et encore c'est un grand maximum, répondit Swann en
souriant, tandis que le valet de pied ouvrait la porte vitrée du vestibule pour
laisser passer la duchesse.
- Qu'est-ce que vous me dites là ? s'écria la
duchesse en s'arrêtant une seconde dans sa marche vers la voiture et en levant
ses beaux yeux bleus et mélancoliques, mais pleins d'incertitude. Placée pour la
première fois de sa vie entre deux devoirs aussi différents que monter dans sa
voiture pour aller dîner en ville, et témoigner de la pitié à un homme qui va
mourir, elle ne voyait rien dans le code des convenances qui indiquât la
jurisprudence à suivre et, ne sachant auquel donner la préférence,
elle crut devoir faire semblant de ne pas croire que la seconde alternative eût
à se poser, de façon à obéir à la première qui demandait en ce moment moins
d'efforts, et pensa que la meilleure manière de résoudre le conflit était de le
nier. « Vous voulez plaisanter ? » dit-elle à Swann.
- Ce serait une
plaisanterie d'un goût charmant, répondit ironiquement Swann. Je ne sais pas
pourquoi je vous dis cela, je ne vous avais pas parlé de ma maladie jusqu'ici.
Mais comme vous me l'avez demandé et que maintenant je peux mourir d'un jour à
l'autre... Mais surtout je ne veux pas que vous vous retardiez, vous dînez en
ville, ajouta-t-il parce qu'il savait que, pour les autres, leurs propres
obligations mondaines priment la mort d'un ami, et qu'il se mettait à leur
place, grâce à sa politesse. Mais celle de la duchesse lui permettait aussi
d'apercevoir confusément que le dîner où elle allait devait moins compter pour
Swann que sa propre mort. Aussi, tout en continuant son chemin vers la voiture,
baissa-t-elle les épaules en disant: « Ne vous occupez pas de ce dîner. Il n'a
aucune importance ! » Mais ces mots mirent de mauvaise humeur le duc qui s'écria
: « Voyons, Oriane, ne restez pas à bavarder comme cela et à échanger vos
jérémiades avec Swann, vous savez bien pourtant que Mme de Saint Euverte tient
à ce qu'on se mette à table à huit heures tapant. Il faut savoir ce que vous
voulez, voilà bien cinq minutes que vos chevaux attendent. Je vous demande
pardon, Charles, dit-il en se tournant vers Swann, mais il est huit heures moins
dix. Oriane est toujours en retard, il nous faut plus de cinq minutes pour aller
chez la mère Saint-Euverte.»
Mme de Guermantes s'avança
décidément vers la voiture et redit un dernier adieu à Swann. « Vous
savez, nous reparlerons de cela, je ne crois pas un mot de ce que vous dites,
mais il faut en parler ensemble. On vous aura bêtement effrayé, venez déjeuner,
le jour que vous voudrez (pour Mme de Guermantes tout se résolvait toujours en
déjeuners), vous me direz votre jour et votre heure », et relevant sa jupe rouge
elle posa son pied sur le marchepied. Elle allait entrer en voiture, quand,
voyant ce pied, le duc s'écria d'une voix terrible : « Oriane, qu'est-ce que
vous alliez faire, malheureuse. Vous avez gardé vos souliers noirs ! Avec une
toilette rouge ! Remontez vite mettre vos souliers rouges, ou bien, dit-il au
valet de pied, dites tout de suite à la femme de chambre de Mme la duchesse de
descendre des souliers rouges ».
l'UGTT demande à la France l'annulation de la dette tunisienne
Le Secrétaire général de l'UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) a officiellement demandé à la France d'annuler la dette tunisienne, d'investir en Tunisie et de restituer à la centrale syndicale les archives relatives à l'assassinat du leader Farhat Hached.
Monsieur Laurent Fabius a promis d'étudier ces questions.
Une réponse positive montrerait que la France appuie de manière effective la transition démocratique qui a besoin d'être soutenue pour contrecarrer l’extrémisme religieux et que les relations franco-tunisiennes sont plus tournées vers l'avenir que vers le passé. L'annulation de la dette tunisienne serait un soutien inestimable pour le camp des démocrates et des amis de la France.
dimanche 6 janvier 2013
Izet Sarajlic
Dal treno
Guardavo passarmi davanti le donne,
le presenti e le future,
i paesaggi
e i pali del telegrafo,
ho visto il giorno e la notte
succedersi in silenzio.
Scenderò giù a qualche stazione
pazzo di questi mutamenti di colori e linee
per comunicarti
che al cinquantesimo chilometro dell'amore
ti amavo esattamente come al primo.
Izet Sarajlic
En train
Je regardais passer devant moi les femmes
celles du présent, celles du futur,
les paysages
et les poteaux électriques
Guardavo passarmi davanti le donne,
le presenti e le future,
i paesaggi
e i pali del telegrafo,
ho visto il giorno e la notte
succedersi in silenzio.
Scenderò giù a qualche stazione
pazzo di questi mutamenti di colori e linee
per comunicarti
che al cinquantesimo chilometro dell'amore
ti amavo esattamente come al primo.
Izet Sarajlic
En train
Je regardais passer devant moi les femmes
celles du présent, celles du futur,
les paysages
et les poteaux électriques
J'ai
vu se succéder en silence
le jour et la nuit
Je vais descendre dans quelque gare
Ivre de tant de couleurs changeantes et de lignes
Pour te dire
qu'au cinquantième kilomètre de l'amour
Je t'aimais exactement comme au premier
Izet Sarajlic
le jour et la nuit
Je vais descendre dans quelque gare
Ivre de tant de couleurs changeantes et de lignes
Pour te dire
qu'au cinquantième kilomètre de l'amour
Je t'aimais exactement comme au premier
Izet Sarajlic
samedi 5 janvier 2013
Les plus belles pages de la littérature française
Il y a un siècle, Proust publiait le premier volume de la Recherche, Du Côté de chez Swann.
jeudi 3 janvier 2013
Giulio, Christiane et Charles Marx
De Giulio à Christiane concernant
son commentaire sur "En lisant Marc-Aurèle"
Étonnante Christiane, qui venez
de clamer quasi mot pour mot et dans un tout autre contexte, mais dans le même
sens, la double phrase du grand résistant Charles Marx, phrase dont je fis le
refrain de mon poème ci-dessous ! Par quel hasard ou parallélisme de pensée
?
1941 – 2007 : 66 ans de Maquis
De dix-huit à vingt-six
ans,
parfois
trente-cinq,
guère
d’avantage.
Refusent le sort, le
droit,
la loi... du plus
fort.
Refus de
complicité,
de meurtre légal,
racial,
idéologique.
Refus de
service:
stigmatisés
bons à rien,
qui
refusent d’être
de bons aryens.
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.(1)
Levain du petit
pays,
refuse de ne
pas
se lever, quitte à en
crever
Héros ? Que dalle
!
Ecole
buissonnière,
simplement. Il n’y en
a
rien à foutre de
mourir
debout ou
autrement,
Afin de, ne pas
vivre
couchés. Tout le
monde
meurt tôt ou
tard,
alors eux
préfèrent
vivre debout.
Pour
être couchés, il y
a
toute
l’éternité.
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
Viles villes, cités
occupées,
qu’à ça ne
tienne!
Tout peut
s’oublier.
Oubliés les petits
hommes
jaunes, oubliés ceux
qui
jamais ne furent vivants.
(2)
Oubliés les
morts-vivants,
Oubliés les
instigateurs,
Les
indicateurs,
Les combinards,
Les profiteurs
Les sbires...
Reste
l’école
buissonnière,
école de Justice,
liberté,
la fraternité des monts, des
grottes, forêts, fourrés, des
Ardennes, de
l’Ardèche,
de l’Allier, des
Pyrénées.
Morts ou vifs
aujourd’hui,
quelle importance
?
Ils sont notre
liberté,
notre vie.
Ceux-là,
il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
Nés bien plus
tard,
hier des
années,
demain des
siècles,
nous leur devons
d’être
dispensés de
tuer
ou d’être tués
légalement,
de dénoncer ou
d’être
dénoncés légitimement, de
torturer ou d’être
torturés
au nom du droit, du
juge
accommodant,
complice
Du plus fort, du
SS,
du Feldgrau, du
Reich
millénaire, parce
que
l’on est juif
ou socialiste
ou anarchiste,
ou réfractaire,
ou communiste,
ou
libre-penseur,
ou libre
parleur,
ou tout
simplement,
autrement.
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
Il veille,
souvent
imberbe,
Luger chapardé
Dérisoire
au poing... sans
rides
sans
callosités,
sur le camarade qui
dort
Sur la paille.
Grange
abandonnée.
Veille avec ses
camarades
au sabotage, oeuvre
à
l’effondrement
de l’empire
millénaire.
Ils veillent sur le
sommeil
des citoyens
ordinaires
du troisième
millénaire,
afin que je vive, que
tu
vives, qu’ils vivent,
que nous
vivions
debout.
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
Arme volée à
l’occupant
et rendue au
ferrailleur,
car
contrairement
aux tiques de la
cité
aux idéologues
Parabellum,
de Berlin à Paris, de
Liège
à Heidelberg, ils
veulent
croire à l’Europe
de la fraternité,
eux,
au Luxembourg
carrefour
de vie, au «vis in
pacem
para pacem», (3) car ils ont
dix-huit à vingt-six
ans,
parfois
trente-cinq,
éternellement.
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
Six mille
moururent
du petit Grand-duché,
(4)
mais non Madeleine,
Jos,
ou mille autres, ni Charles
Marx, trahi plus
tard
par la paix et la
mémoire
balayées sous le
tapis
pas encore
(vraiment)
d’orient,
justement.
Vingt-et-unième
siècle
Immortels, ceux
du maquis, cependant,
pour nous et
pour
nos gosses
surtout...
Il ne faut pas les
oublier.
Il ne faut pas les
trahir.
1) Ces deux
derniers vers formant refrain tout au long du poème sont bien du docteur Charles
Marx et terminent à l’origine son article «Les maquis, l’Avant-garde de
la Résistance», dans la brochure «Fir d’Freihét,
D’Kommunistesch Partei Letzeburg 1940-1944». En voici un extrait: «... Dans les
rangs des maquisards français et belges, de jeunes luxembourgeois (...) se sont
distingués par leur élan et leur ardeur combative (...) ils se sont battus pour
la liberté de leur pays avec le même courage et la même abnégation que leurs
camarades des armées régulières. Et beaucoup d’entre eux ont payé de leur vie de
n’avoir pas voulu devenir allemands. Il ne faut pas les oublier. Il ne
faut pas les trahir.» Il va sans dire que cet article a tout entier
inspiré mon «poème».
2) Dante Alighieri, Divine
Commédie, l’Enfer : “Questi sciaurati, che mai non fur vivi...” que Louis
Ratisbonne traduisit librement par «Ces lâches, toujours morts, même pendant
leur vie...» sur www.pierdelune.com/dante1.htm
3) «Si tu veux la paix, prépare
la paix». Dans ma phrase le «para pacem» s’oppose au «para bellum» du néfaste
proverbe «Si tu veux la paix prépare la guerre» tiré des «Epitoma rei militaris»
de P. F. Vegetius Renatus (IVe-Ve siècles de notre ère)
4) selon l’article «Luxemburg in
den beiden Weltkriegen» de Georges Hausemer dans son «Luxemburger Lexikon» (Guy
Binsfeld 2006) la 2e guerre mondiale aurait coûté au Grand-duché ~2% de sa
population de l’époque, donc proportionnellement bien plus qu’aux alliés
belligérants occidentaux: Grande Brétagne 0,7%, Belgique 1%, France 1,7%.
Ce poème de Giulio-Enrico
Pisani a été lu par l’écrivaine et peintre Michèle Frank lors de la présentation
de l'essai biographique « Charles Marx, un héros luxembourgeois… » de
Giulio-Enrico Pisani au Centre des Arts Pluriels d'Ettelbruck/Luxembourg, le 12
novembre 2007.
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